Que deviennent nos données numériques après la mort ?

Published by Martinez Elena on 08.08.2024
Une étude de TA-SWISS examine les nouvelles technologies qui proposent aujourd’hui une deuxième vie aux données numériques des personnes décédées, et leurs enjeux juridiques, éthiques, psychologiques et sociétaux.

Signe des temps, la mort se numérise et elle porte un nom : Digital Afterlife. En effet, nos données numériques (sur smartphone, ordinateur, réseaux sociaux, etc.) nous survivent et peuvent être gérées aujourd’hui par plusieurs technologies. De nombreux services proposent un soutien et un accompagnement, principalement sous deux formes. Premièrement, les services qui permettent aux clients de décider ce qu’il adviendra de leurs données personnelles après leur mort. Ces services visent à régler la gestion de leur propre succession numérique ou à déposer des dispositions ainsi que des souhaits concernant la gestion de leur propre patrimoine sous une forme numérique. C’est ce que l’on appelle la death tech. La deuxième catégorie de services s’adresse aux personnes endeuillées. Elle comprend par exemple la possibilité de créer des mémoriaux virtuels sur Internet ou de programmer des deadbots ou des avatars qui simulent une sorte de contact avec les proches après leur décès. Ce type de services fait partie de la grief tech.

Une étude de TA-SWISS menée par Jean-Daniel Strub (ethix - Laboratoire d’éthique de l’innovation), Francesca Bosisio (Haute école d’ingénierie et de gestion Vaud), Anca-Cristina Sterie (Chaire de soins palliatifs gériatriques, CHUV) et Ralf Jox (Institut des humanités en médecine, CHUV-UNIL), a analysé les offres existantes. À travers une approche sociologique, psychologique, philosophique et éthique, l’étude évalue les opportunités et les risques des technologies existant dans le domaine de la prévoyance funéraire, de la gestion des données numériques de la personne disparue et du travail de deuil possible. Ces outils numériques pourraient redéfinir la fin de vie et le deuil. De la planification funéraire à la communication post-mortem avec des "deadbots", l’étude propose une typologie détaillée du domaine du Digital Afterlife. Alors que des coffres-forts numériques permettent de centraliser en toute sécurité documents importants et dernières volontés, de nouveaux outils d’intelligence artificielle proposent même de pouvoir garder une sorte de contact avec les défunts.

Cette étude émet des recommandations et renseigne également le monde politique et les professionnels du domaine funéraire sur les mesures à prendre afin de gérer au mieux la transition numérique dans ce domaine. Cette étude devrait provoquer le débat et stimuler la divulgation des connaissances chez ces entités ainsi que chez les citoyennes et citoyens. L’utilisation de méthodes participatives ou l’organisation d’un événement public sont à envisager.

Les auteurs de cette étude estiment qu’à l’avenir les services numériques exerceront une grande influence sur la planification individuelle, le deuil et le souvenir des personnes décédées. Il s’avère pour eux nécessaire d’édicter des normes techniques, juridiques et éthiques strictes, et de sensibiliser la population, les prestataires de services et le personnel spécialisé des enjeux que recouvrent ces nouvelles prestations.

L’étude La Mort à l’ère numérique | TA-SWISS


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 Last updated on 03/10/2024 at 16:10