Un examen pour en avoir le cœur net

Le nombre d’examens pratiqués par le Centre de résonance magnétique cardiaque ne cesse d’augmenter. Ils permettent d’observer le cœur et de prévenir les complications.

En 2009, le CHUV a inauguré le Centre de résonance magnétique cardiaque (CRMC), centre d’imagerie spécialisé. Alors pionnier en Suisse, il fait travailler ensemble les radiologues et les cardiologues pour examiner le cœur, améliorer le diagnostic et le traitement des maladies cardiaques.

Les bénéfices de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont nombreux. Elle permet d’observer la composition des tissus du cœur – le muscle, bien perfusé ou ischémique, c'est à dire en manque d’oxygène, la graisse ou encore le tissu cicatriciel dans le cas d’un infarctus -, sans exposer le patient à des radiations ionisantes. Elle fournit en outre des images dynamiques de cet organe, avec une très haute résolution.

«La qualité de nos examens nous permet de distinguer les différentes atteintes du coeur, souligne le prof. Jürg Schwitter, directeur du CRMC. Si on visualise par exemple une zone souffrant d’un manque d’oxygène, cela signifie qu’il y a un risque d’infarctus ou d’attaque.» Cette méthode permet de dépister les maladies cardiaques non seulement chez les patients qui en manifestent les symptômes, mais aussi chez les patients qui ne présentent que des facteurs de risque, dus au tabac, à l’hypertension, au diabète ou encore à l’hypercholestérolémie.

«Plusieurs études passées ou en cours confirment que notre pratique de l’IRM cardiaque est précise et sûre, poursuit le spécialiste. Si on suspecte une maladie coronarienne chez un patient qui ressent des douleurs au thorax par exemple, et que l’examen ne montre aucune atteinte coronaire, le pronostic du patient est excellent. Si au contraire, l’examen révèle une atteinte au cœur, le patient est adéquatement traité, présente une très bonne récupération et échappe à des complications graves comme l'infarctus ou la mort subite.»

La Société européenne de cardiologie recommande d’ailleurs l’utilisation de cette technique dans le diagnostic de l’insuffisance cardiaque et le suivi de son traitement. «Elle complète les tests usuels, tels que l’électrocardiogramme, l’échocardiographie et les tests du sang, précise le prof. Schwitter. Grâce aux informations anatomiques et fonctionnelles du cœur qu’elle fournit, elle est même considérée comme la méthode de diagnostic de premier choix dans de nombreux cas. Ce qui permet de réduire considérablement les autres tests et, par conséquent, de réduire le coût des soins.» L’utilisation de l’IRM cardiaque est en plein essor. A son ouverture, le CRMC effectuait environ 300 examens par an, pour croître à 1800 actuellement.

Centre de référence européen

Le CRMC du CHUV constitue également un pôle pour la recherche. Il a été désigné centre de référence du registre européen de l’IRM cardiaque. Cette base de données inclut actuellement les entrées de plus de 50'000 patients, provenant de 59 centres répartis dans 18 pays. Au moyen de plusieurs études prospectives, son objectif est d’améliorer les applications de l’IRM cardiaque, d’en développer de nouvelles et d’en définir l’impact sur la prise en charge des patients.

L’équipe du prof. Schwitter est chargée de contrôler la qualité des images fournies par les autres hôpitaux qui forment le réseau. «Après nous avoir fourni leurs données, explique le spécialiste, nous conseillons les cardiologues des centres sur leurs pratiques, afin qu’ils puissent les améliorer. En retour, ils participent aux recherches menées par le registre. L’emploi de l’IRM cardiaque est ainsi évalué grâce à la plus grande banque de données de ce type au monde. D’où la probabilité que ses résultats soient hautement corrects!»

En savoir plus

Spécialiste mondialement reconnu de l’IRM cardiaque, Jürg Schwitter a pris dès 2009 la direction du CRMC, affilié aux services de cardiologie et radiologie du CHUV.

Jusqu’alors, il a travaillé à l’Hôpital universitaire de Zurich et à l’Université de San Francisco, où il a développé cette technique. Il a dirigé les études multicentriques les plus importantes dans ce domaine, qui ont mené à l’introduction de l’IRM cardiaque dans la pratique clinique.

Dès 2005, il fait partie du Comité de pilotage pour fonder le Registre européen en IRM cardiaque, basé à Ludwigshafen (Allemagne). En 2012, il publie le CMR Update (2e édition), qui contient une liste complète des indications pour l’utilisation de cette technique.

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 Dernière mise à jour le 31/01/2023 à 15:44