Cette fois, aucune grue n’a été nécessaire pour livrer au CHUV le dernier équipement IRM acquis conjointement par le CHUV, l’UNIL et le CIBM Centre d’imagerie biomédicale. Son poids d’environ 3 tonnes (contre 6 pour un système standard) et sa hauteur d’environ 2 mètres ont permis de le faire passer par les portes et les couloirs de l’hôpital. Un gabarit bien en dessous de la moyenne qui s’explique par le faible champ magnétique de la machine : seulement 0.55 tesla (T : unité de mesure de la force d’un champ magnétique) contre 1.5 à 3 T pour les appareils IRM conventionnels.
Cet appareil IRM dit « à bas champ » est pour le moment dédié exclusivement à la recherche – une première en Suisse – afin d’évaluer le potentiel de cette nouvelle technique d’imagerie médicale non-invasive pour le diagnostic des patient-es.
Des images optimisées par l’intelligence artificielle
Ces 30 dernières années, la priorité était donnée aux perfectionnements successifs de la qualité de l’IRM en augmentant l’intensité du champ magnétique. Ces intensités élevées impliquent toutefois une infrastructure coûteuse à l’acquisition et en maintenance. Désormais, le faible champ magnétique de l’appareil est compensé par le traitement des images grâce à l’intelligence artificielle, rendant possible l’utilisation de systèmes moins puissants sans péjorer la qualité des images réalisées. L’imagerie médicale par résonance magnétique à bas champ connaît donc un nouvel essor.
Une IRM plus durable et plus accessible
Les appareils IRM à bas champ de nouvelle génération possèdent plusieurs avantages en radiologie. « Il y a tout d’abord un avantage économique important, précise le Pr Alban Denys, chef du Service de radiodiagnostic et radiologie interventionnelle du CHUV. Par rapport aux machines standards, les coûts d’achat, d’installation et d’utilisation sont plus faibles, ce qui rend ces appareils plus accessibles dans des pays à faible revenu et contribue aussi de façon générale à réduire les coûts de la santé. »
Il y a aussi des avantages en termes de durabilité. La consommation électrique est fortement réduite durant les examens (-50% par rapport à une IRM standard) et pour le refroidissement de la machine, l’utilisation d’hélium - gaz régulièrement sujet à des pénuries - est quasi nulle (0.7 L contre environ 1000L dans une machine IRM standard).
Plus compacts, ces équipements sont aussi plus confortables pour les patient-es. « Leur large ouverture permet de réduire l’anxiété des enfants ou des personnes souffrant de claustrophobie durant les examens. Par ailleurs, cette particularité pourrait rendre la machine adaptée à des interventions guidées par IRM avec des outils médicaux, ce qui est impossible actuellement avec des IRM à haut champ magnétique », complète le Pr Denys.
Des bénéfices attendus pour des patient-es atteint-es de mucoviscidose ou souffrant de maladies cardiaques congénitales
Une dizaine d’équipes de chercheuses et chercheurs du CHUV, de l’UNIL et du CIBM est mobilisée pour tester et valider les potentielles innovations et applications cliniques de cet appareil IRM à bas champ. « Au total, 12 co-investigateurs principaux issus de trois départements du CHUV participent à cette recherche, explique le Pr Matthias Stuber, chef de la section CIBM IRM CHUV-UNIL, et investigateur principal du FNS qui a financé cette installation en partie. Ces travaux sont à la fois translationnels, puisqu’ils visent à transformer nos découvertes scientifiques en applications pour les patients, mais aussi interdisciplinaires, avec une collaboration étroite entre des ingénieurs, des scientifiques et des cliniciens. » Les investigations visent notamment à développer des techniques d’imagerie utilisables sur ce type de machine à bas champ magnétique, évaluer leur performance pour un certain nombre de diagnostics et les mettre au point pour des examens précis.
Les bénéfices cliniques attendus de ces recherches concernent notamment les jeunes patient-es atteint-es de mucoviscidose qui doivent subir des examens radiologiques réguliers. L’utilisation d’appareils IRM à bas champ, plutôt que des scanners, permettrait de garantir un suivi des capacités respiratoires tout en préservant l’exposition des malades des rayons X émis par les scanners. Le domaine de l’imagerie cardiaque pourrait aussi bénéficier de ces innovations en rendant les examens IRM du cœur plus économes en temps et moins dépendant de la présence de personnel spécialisé. Les patient-e-s souffrant de maladies cardiaques congénitales en seraient les premiers bénéficiaires. Des avancements dans le domaine de l’imagerie par résonance magnétique fœtale sont aussi attendus, notamment au niveau du cœur et du cerveau.