Le Service de chirurgie cardiaque accrédité ERAS cardiac®
ERAS® signifie « Enhanced Recovery After Surgery » ou, en français, « récupération améliorée après une chirurgie ». Il s’agit d’un programme qui permet d’améliorer la prise en charge des patient.e.s et leur récupération après une chirurgie.
Des patient.e.s mieux préparé.e.s
Le programme propose deux volets principaux. Premièrement, le/la patient.e est mieux préparé.e à son opération grâce à plusieurs consultations. Deuxièmement, les professionnel.le.s de santé appliquent les dernières pratiques prouvées scientifiquement afin d’améliorer les soins peri-opératoires et de diminuer les complications post-opératoires. Le/la patient.e reçoit ainsi un suivi personnalisé pour faire en sorte que son séjour se passe dans les meilleures conditions. Les services qui ont déjà adopté ERAS® ont noté une diminution de la durée moyenne de séjour, une diminution des complications post-opératoire, une réduction des coûts, et surtout une augmentation de la satisfaction des patient.e.s et des professionnel.le.s.
Eras® implanté dans huit services du CHUV depuis 2011
ERAS Society® a été créé en 2001 par les professeurs Fearon, au Royaume-Uni, et Ljungqvist, en Suède, pour développer les idées avancées dans les années 1990 par le professeur Kehlet, au Danemark, concernant le concept de soins chirurgicaux multimodaux. Depuis, le programme n’a cessé de se développer dans différents services hospitaliers à travers le monde.
À ce jour, il est présent dans 32 pays du monde et dans 150 institutions. En Suisse, c’est le Pr Nicolas Demartines, alors Chef du Département de chirurgie du CHUV, qui, le premier, a implémenté le programme dans le Service de chirurgie viscérale en 2011. Depuis lors, 7 autres services du CHUV, ont été accrédité Eras®.
Si aux États-Unis, le programme labellisé ERAS Cardiac® a vu le jour en 2017, aucun service de chirurgie cardiaque n’avait encore été accrédité. Notre service est donc le premier Service de chirurgie cardiaque au monde à être accrédité.
Un énorme travail multidisciplinaire
Le lancement de ce programme est le fruit d’un travail conséquent de préparation. Plusieurs protocoles, brochures et autres documents ont été créés grâce à des rencontres multidisciplinaires très régulières.
L’équipe ERAS® de chirurgie cardiaque est constituée d’une dizaine d'expert.e.s dans ce domaine, en anesthésiologie, en soins intensifs et en physiothérapie. Cette équipe est chapeautée par le Pr Matthias Kirsch, chef du Service de chirurgie cardiaque et soutenue par Valérie Addor, infirmière clinicienne responsable du programme ERAS® au sein du CHUV. Les changements de pratique réalisés grâce à ERAS® sont le résultat d’un effort commun de la part de ces multiples services.
Dépister les déconditionnements avant la chirurgie
Un à deux mois avant son opération, le/la patient.e rencontre le chirurgien cardiaque. La date de son opération est fixée et l’opération lui est expliquée. Il/elle se rend ensuite à la consultation préopératoire où il/elle rencontre un.e médecin anesthésiste. Puis, il/elle bénéficie d’une consultation infirmière ERAS®. Cette consultation a pour but de déterminer quel patient.e a besoin d’une attention particulière avant l’opération.
On dépiste l'anémie, la dénutrition, les limitations fonctionnelles, les problèmes de diabète ou les consommations à risque (ex : tabac, alcool). Si nécessaire, les patient.e.s sont référé.e.s vers une prise en charge spécialisée avant l’opération. « En cas de déconditionnement physique, par exemple, les physiothérapeutes vont dépister la faiblesse des muscles inspiratoires et enseigner un programme d’exercices spécifiques. On dit souvent aux patient.e.s que le programme ERAS®, c’est comme la préparation d’une épreuve sportive : on doit être le plus en forme possible », explique Valentine Melly, infirmière référente et coordinatrice ERAS® en chirurgie cardiaque.
Consultations clé pour un chemin vers la guérison
Lors de la consultation, l’infirmier/ère explique le séjour hospitalier au/à la patient.e et prend le temps pour répondre à ses questions ou appréhensions. Une brochure lui est distribuée afin qu’il/elle puisse relire les informations à tête reposée. « Nos patient.e.s ERAS® sont de véritables partenaires. Ils/elles sont très impliqué.e.s dans leur prise en charge. Ils/elles se montrent en général curieux/euses et intéressé.e.s par notre activité : certain.e.s ont même souhaité visiter le service », explique Valentine Melly. En effet, l’adhérence du/de la patient.e à sa prise en charge et son auto-évaluation constituent un aspect central du programme. « Plus le/la patient.e est informé.e et conscientisé.e, plus vite il/elle se prend en charge et collabore avec les équipes médico-soignantes sur le chemin de la guérison », explique-t-elle.
Un suivi dynamique des résultats
Lorsque le/la patient.e quitte l’hôpital, les infirmières remplissent une base de données afin d’analyser son séjour. Chaque dossier est documenté afin de monitorer tou.te.s les patient.e.s ERAS® et adapter au besoin les recommandations : « Il a fallu créer une base de données propre à la chirurgie cardiaque. Pour chaque patient.e, c’est environ 300 entrées de données à saisir », explique Valentina Rancati, médecin cadre anesthésiste impliquée dans le programme ERAS®. Cette base de données permet au service de contrôler l’efficacité des interventions mises en place, de remettre en question les résultats et de proposer des améliorations ciblées en cas de résultats sous-optimaux.
L’analyse des 50 premiers patients ont montré des résultats préliminaires encourageants. En effet, avec le programme ERAS, on note par exemple que les médicaments antalgiques opioïdes sont arrêtés plus tôt, que les patients sont levés plus vite après l’opération et que les complications respiratoires post-opératoires sont diminuées.
Un début prometteur
Dans le service de chirurgie cardiaque, environ 80 patient.e.s ont déjà pu bénéficier du programme ERAS®. « Toutes les professionnel.le.s qui ont pris en charge les patient.e.s ont été très appliqué.e.s dans la mise en place des nouvelles mesures, et cela se voit sur les résultats », explique Valentine Melly. Enfin, les patient.e.s ont communiqué qu’ils/elles se sentaient rassuré.e.s par la prise en charge.
Une première mondiale aux débuts prometteurs donc, à la grande satisfaction des équipes et des premier.è.re.s concerné.e.s : les patient.e.s.