Thérapie fœtale

Depuis quelques années, grâce à des améliorations techniques, l’échographie prénatale permet d’obtenir des images du fœtus in utéro en temps réel et en haute définition. Le premier examen de l’enfant, autrefois réalisé à sa naissance, est maintenant pratiqué avant trois mois de grossesse et révèle parfois des anomalies fœtales.

La majorité de ces pathologies sont stables pendant la grossesse et ne mettent pas en jeu le pronostic vital in utéro. La stratégie médicale consiste alors à maintenir l’enfant in utéro le plus longtemps possible pour qu’il atteigne un poids et une maturation qui lui permettent de survivre à sa maladie et de supporter le traitement postnatal.

Cependant, certaines pathologies fœtales présentent un potentiel évolutif rapide pendant la grossesse. En l’absence de traitement, elles peuvent mener à la mort fœtale. Dans ces cas, il est bénéfique que l’enfant soit traité in utéro, via la thérapie fœtale, qui permet d’opérer le fœtus sans ouvrir le ventre de la mère.

Ces hautes technologies sont pratiquées par quelques centres médicaux au niveau mondial et réservés à quelques maladies particulièrement sévères. Au CHUV, cette spécialité est assurée par le Pr David Baud qui opère le plus souvent en tandem avec le Dr Luigi Raio de l’Inselspital à Berne. Les deux hôpitaux collaborent étroitement pour prendre en charge les cas les plus complexes de toute la Suisse mais aussi d’autres pays d’Europe.

Exemples de thérapies pratiquées par nos spécialistes

  • Transfusion in utéro

    Cette intervention vise à corriger une anémie sévère ou une thrombopénie fœtale. Celle-ci peut être due à des incompatibilités sanguines entre mère et fœtus, à des infections ou à des hémorragies fœtales. L’amélioration de l’échographie permet de transfuser du sang directement dans le cordon ombilical, avant la naissance. Les transfusions peuvent être répétées toutes les deux à trois semaines jusqu’à un âge gestationnel qui garantit un poids et une maturité satisfaisants.

  • Pose de drains

    En cas d’accumulation de liquide dans le fœtus (épanchement pleural, vessie qui ne se vide pas), on peut être amené à poser un drain chez le fœtus afin d’évacuer le liquide sous tension. Ce geste s’effectue sous contrôle échographique.

  • Laser sur le placenta (syndrome du transfuseur-transfusé)

    Le syndrome du transfuseur-transfusé survient dans les cas de grossesses gémellaires dites «monochoriales». Il s’agit des cas où les fœtus partagent le même placenta. L’un des deux bébés s’accapare parfois la plus grande majorité du flux sanguin à cause d’une anomalie dans les vaisseaux du placenta. Le second bébé va alors cesser de grandir et voir son liquide amniotique disparaître. Le premier va au contraire souffrir d’une surcharge de liquide et développer une insuffisance cardiaque.

    Le traitement actuel pratiqué au CHUV vise à séparer, à l’aide d’un laser, les circulations sanguines des deux fœtus. Pour ce faire, nous brûlons les vaisseaux responsables du déséquilibre. Une caméra miniature (fœtoscope) introduite par une mini-incision (2mm) dans l’utérus de la mère permet d’effectuer ce traitement. Grâce à cette technique, le taux de survie des deux enfants est de 60 à 70%, et d’au moins un enfant de 80 à 90%.

  • Et d’autres applications à venir

    Cette nouvelle discipline n’en est toutefois qu’à ses débuts. De nombreuses nouvelles applications pour la chirurgie fœtale pourraient être amenées à se développer au cours des prochaines années. Par exemple, les équipes du CHUV et de l’Inselspital à Berne ont opéré ensemble en 2016 une tumeur pulmonaire qui aurait été fatale pour le fœtus.

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 Dernière mise à jour le 13/06/2018 à 14:45