Communiqué de presse
Lausanne, 7 avril 2022

Un implant électronique réactive la moelle épinière d’une personne souffrant d’une maladie neurodégénérative

Jocelyne Bloch, neurochirurgienne au CHUV et professeure à l'UNIL, et Grégoire Courtine, professeur en neurosciences à l’EPFL, entourés de leurs équipes du centre de recherche NeuroRestore, ont permis à une personne alitée depuis plus d’un an en raison d’une maladie invalidante neurodégénérative de se lever et de marcher. Un système électronique directement implanté sur la moelle épinière a permis de réactiver les neurones qui régulent la pression artérielle, sans lesquels la patiente perdait systématiquement connaissance en position relevée.

Des syncopes à la marche : premiers pas après l’opération

Cet implant avait déjà permis de traiter l’hypotension chez des patients tétraplégiques, mais c’est la première fois qu’une telle intervention est réalisée avec succès pour améliorer de manière significative la qualité de vie d’une personne atteinte d’une maladie neurodégénérative. 

Publié dans la revue médicale américaine The New England Journal of Medicine, l’article « Implanted System for Orthostatic Hypotension in Multiple System Atrophy » présente la situation d’une patiente de 48 ans souffrant de MSA-P (Atrophie des systèmes multiples de type Parkinson), une maladie neurodégénérative qui atteint, entre autres, le système nerveux sympathique. Alitée depuis plus d’un an et demi en raison de ces troubles, elle peut maintenant marcher sur plus de 250 mètres.

Cette maladie neurodégénérative entraine la perte de neurones sympathiques spécialisés dans la régulation de la pression. Les troubles d’hypotension orthostatiques qui en résultent se manifestent par une chute brutale de la pression artérielle en position relevée, allant jusqu’à la syncope. Ils augmentent ainsi le risque de chutes, diminuent les capacités à se tenir debout et à marcher, et entrainent finalement une réduction de l’espérance de vie. Mais ces troubles ont aussi un impact important sur la qualité de vie des patient-e-s, obligé-e-s de rester couché-e-s pour ne pas perdre conscience.

En implantant des électrodes et un générateur de stimulation électrique – appareil généralement utilisé dans le traitement de douleurs chroniques – directement sur la moelle épinière, les deux chercheurs ont pu observer une amélioration de la régulation de la pression sanguine. Ces progrès permettent à la patiente de rester consciente beaucoup plus longtemps en position relevée, et entreprendre sa rééducation à la marche. Elle a pu ainsi retrouver une certaine autonomie pour la vie de tous les jours. 

Pour la neurochirurgienne Jocelyne Bloch, cette avancée ouvre des perspectives cliniques importantes dans la prise en charge des maladies dégénératives. « On connaissait les applications de cette thérapie chez les personnes qui souffraient d’une lésion due à un traumatisme de la moelle épinière. Grâce à cette découverte, on peut maintenant aussi traiter les personnes dont les déficits proviennent d’une neurodégénérescence. C’est la première fois qu’on arrive à améliorer les mécanismes de régulation de pression de personnes atteintes de MSA. » Le neuroscientifique Grégoire Courtine note de son côté que « cette technologie est à la base destinée au traitement de douleurs. Elle n’a pas été spécialement conçue pour ce type d’application. Le futur, pour nous et notre compagnie ONWARD medical, c’est de développer une technologie ciblée sur l’hypotension orthostatique et qui pourrait être utilisée par l’ensemble des personnes souffrant de ces troubles à travers le monde. »

 

Contacts 
Pour tout renseignement médical, un formulaire est disponible sur le site de NeuroRestore
EPFL service de communication : Emmanuel Barraud, +41 21 693 21 90
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A propos de l’EPFL
L’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), est la plus cosmopolite des universités technologiques, avec des étudiants, chercheurs et collaborateurs de plus de 120 nationalités. Au cœur d’un environnement dynamique, ouverte sur la Suisse et le monde, l’EPFL se concentre sur ses trois missions fondamentales que sont l’enseignement, la recherche et le transfert de technologie. L’Ecole s’appuie sur un important réseau de partenaires, académiques ou industriels, et participe à plusieurs alliances internationales, dont certaines sont actives dans les pays en développement. En 2020, forte de 5 écoles, 2 collèges, 20 instituts, 44 centres de recherche et plus de 370 laboratoires, de plus de 6'000 employés et près de 12'000 étudiants, 23 nouvelles startup ont été créées, totalisant une levée de fonds de 285.8M.

A propos de .Neurorestore
Dirigée par le neuroscientifique de l'EPFL Grégoire Courtine et la neurochirurgienne du CHUV Jocelyne Bloch, .NeuroRestore est une plateforme scientifique romande travaillant sur des approches visant au rétablissement des fonctions neurologiques. NeuroRestore réunit depuis sa création en 2018 des ingénieurs, médecins et chercheurs de l'EPFL, du CHUV, de l'UNIL avec le soutien de la Fondation Defitech. Cette collaboration doit permettre de poursuivre le développement de neurothérapies afin d’améliorer la récupération des fonctions motrices des patients paraplégiques, tétraplégiques, souffrant de la maladie de Parkinson ou des suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Des traitements innovants et personnalisés sont testés dans le cadre de protocoles de recherche, puis mis à disposition des hôpitaux et des patients. .NeuroRestore a aussi comme mission de former une nouvelle génération de professionnels de la santé et d’ingénieurs à l’utilisation de ces approches thérapeutique innovantes.

Le CHUV en bref

Le CHUV est l’un des cinq centres hospitaliers universitaires suisses, aux côtés des hôpitaux de Genève, Berne, Bâle et Zurich. Il poursuit trois missions de base confiées par les pouvoirs publics: les soins, la formation et la recherche.

En 2022, grâce à ses 12'436 collaborateurs-trices, le CHUV a accueilli 53'422 patient-e-s hospitalisé-e-s. Il a traité 79'414 urgences, assuré 3'900 consultations ambulatoires quotidiennes et accueilli 3’185 naissances. Son budget annuel est de près de 1.9 milliard de francs.

Afin d’assurer la formation des médecins, le CHUV est étroitement lié à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne. Il collabore également avec les autres institutions universitaires lémaniques (EPFL, ISREC, Institut Ludwig, Université de Genève), les Hôpitaux universitaires de Genève, ainsi qu’avec d’autres hôpitaux, établissements de soins ou institutions, telles la Fédération des hôpitaux vaudois et la Société vaudoise de médecine.

Depuis 2019, le CHUV figure dans le classement des meilleurs hôpitaux du monde, selon le magazine Newsweek.