Le Service de gastro-entérologie et hépatologie est spécialisé dans la réalisation d’examens endoscopiques, pour examiner ou traiter des lésions survenant dans le tube digestif. Ses médecins en pratiquent environ 3900 chaque année. Explications par la Dresse Cristina Nichita, ancienne cheffe de clinique.
Combien d’examens pratiquez-vous?
Plus d’une vingtaine d'examens différents au moyen d’un endoscope, c’est-à-dire un tube flexible muni à son extrémité d’une caméra. Les plus courants sont la gastroscopie et la coloscopie. Le premier nous permet de voir d’éventuelles lésions le long de l’oesophage, l’estomac, jusque dans le duodénum (première partie de l’intestin grêle). Grâce au deuxième, nous pouvons examiner le rectum, le colon et le début de l’intestin grêle. Si nécessaire, nous faisons des prélèvements qui seront ensuite analysés pour poser un diagnostic.
Que recherchez-vous?
Principalement des tumeurs cancéreuses ou des polypes - excroissances présentant le risque de devenir malignes - ou encore des maladies inflammatoires. Si un patient ressent des brûlures à l’estomac et que nous suspectons un ulcère, un simple prélèvement permet par exemple de déceler une bactérie, l'Hélicobacter Pylori, responsable de cette maladie. Une biopsie permet également de diagnostiquer la maladie de Crohn, une inflammation qui peut toucher toutes les parties du tube digestif, en particulier le colon et l’intestin grêle.
Parfois, un examen complémentaire au moyen d’une capsule contenant une caméra miniature est nécessaire. De la taille d’un gros comprimé, elle est avalée par le patient, puis elle progresse durant huit heures le long de son intestin grêle, d’une longueur de 3-4 mètres en moyenne, tout en prenant des photographies.
Certains examens sont ainsi très spécifiques?
Oui, je peux vous citer encore l’échoendoscope, un endoscope muni d’une sonde à ultrasons, grâce auquel nous obtenons des images très précises des parois de l’organe que nous voulons examiner. Nous pouvons mesurer la profondeur des tumeurs situées dans les parois du tube digestif, ou dans le rectum, et voir s’il y a des ganglions avoisinants. Il est en outre particulièrement performant pour rechercher la présence de calculs, de kystes ou de tumeurs dans des organes difficiles d’accès comme le pancréas.
Les traitements sont aussi sûrement très nombreux?
Je vous ai parlé de la coloscopie, l’examen de référence pour mettre en évidence les lésions du colon. Lorsque nous y détectons des polypes, nous les enlevons généralement immédiatement pour éviter qu’ils ne grandissent ou se transforment en cancer. Nous les coupons au moyen d’une anse que l’on referme à leur base, comme un lasso. Nous traitons également de nombreuses hémorragies. Certaines sont dues à des ulcères dans les muqueuses de l’oesophage, du duodénum ou de l’estomac. Nous pouvons les arrêter en injectant des médicaments, en les cautérisant ou en plaçant des pinces métalliques pour fermer les vaisseaux sanguins qui saignent. Le pronostic est très bon car elles sont stoppées dans 80 à 90% des cas.
Et très variés!
Oui, la liste des traitements possibles est longue! Nous intervenons également lorsque des patients souffrent de rétrécissements au niveau de l’oesophage, de l’estomac ou du duodénum, ce qui les empêche d’avaler des aliments. Nous élargissons ces zones petit à petit au moyen d’un ballon de dilatation que nous gonflons sur plusieurs séances. Mais certains rétrécissements, dus notamment à la présence d’une tumeur, nécessitent le déploiement d’une prothèse pour maintenir la zone ouverte. Par contre, lorsque des patients n’arrivent plus à manger suffisamment et ont besoin d’un supplément nutritif sur une longue durée, nous pouvons installer une sonde d’alimentation dans l’estomac jusqu’à ce qu’ils aient repris suffisamment de forces.
Les examens endoscopiques sont réputés inconfortables. Comment y remédiez-vous?
Nous rencontrons nos patients avant et après les examens, pour parler des symptômes qui les amènent à l’hôpital et du déroulement de l’intervention, puis pour leur expliquer comment cela s’est passé et à quoi faire attention dans les jours qui suivent. Nous discutons en plus du type de sédation que nous pouvons leur proposer pour améliorer leur confort durant l’intervention. D’ailleurs, certains s’endorment et me demandent à leur réveil quand est-ce que l’examen aura lieu! D’autres me disent que la partie la plus astreignante de la coloscopie est sa préparation, qui nécessite un régime précis et la prise d’une grande quantité de liquide. Ainsi, pour la majorité de nos patients, ces examens ne leur ont laissé ni séquelles ni mauvais souvenir!