L'étude NIVOPOSTOP propulsée sur le devant de la scène internationale

Publié par Danko Janette le 11.06.2025
À Chicago, le Pr Bourhis vient de dévoiler les résultats de l’essai européen NIVOPOSTOP. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, un nouveau traitement réduit nettement le risque de rechute après l’opération d’un cancer ORL à haut risque.

Le 1ᵉʳ juin 2025, le Pr Jean Bourhis, Médecin-chef du Service de radio-oncologie du CHUV, a présenté en séance plénière de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) les résultats de l’essai européen de phase III NIVOPOSTOP (GORTEC 2018-01), sélectionné parmi les cinq travaux « practice-changing » de l’édition 2025. Pour la première fois depuis plus de deux décennies, une stratégie thérapeutique démontre un bénéfice significatif chez les patient-e-s opérés-es d’un carcinome épidermoïde de la tête et du cou (ORL) à haut risque de rechute.

 

Contexte : un protocole inchangé depuis vingt ans

Depuis 2004, la prise en charge des cancers de la tête et du cou à haut risque de récidive s’appuie sur la combinaison de radiothérapie et de cisplatine. Malgré ce protocole lourd, près d’un patient sur deux voit la maladie réapparaître, faute de progrès thérapeutiques significatifs depuis deux décennies. À l’initiative du Pr Jean Bourhis, investigateur principal, l’étude NIVOPOSTOP est née de cette impasse : l’objectif était de tester l’ajout d’une immunothérapie, le nivolumab, au traitement de référence.

 

Comment s’est déroulé l’essai ?

Entre 2018 et 2024, 680 patients de moins de 75 ans, opérés d’un carcinome épidermoïde de la bouche, du pharynx ou du larynx, ont été recrutés dans six pays. Tous présentaient au moins un facteur de haut risque, comme des marges de résection insuffisantes ou des ganglions envahis. Après la chirurgie, la moitié des participants a reçu le traitement standard, tandis que l’autre moitié a bénéficié du même schéma renforcé par dix perfusion de nivolumab : la première deux semaines avant la radiothérapie, les suivantes pendant et après celle-ci, sur une période totale de huit mois.

 

Des résultats parlants pour les patient-e-s

Après un suivi médian de trois ans, l’ajout du nivolumab a diminué de 24 % le risque combiné de rechute ou de décès. Concrètement, la proportion de patient-e-s toujours en rémission trois ans après l’opération est passée d’environ 52 % avec le traitement classique à plus de 63 % avec l’immunothérapie. Cette amélioration concerne l’ensemble des patient-e-s, sans qu’il soit nécessaire d’effectuer un test biologique complexe : l’efficacité est apparue indépendante du statut PD-L1, une protéine parfois utilisée pour prédire la réponse aux immunothérapies.

 

Pourquoi parle-t-on d’avancée historique ?

Il s’agit du premier traitement premier traitement à améliorer durablement la survie sans maladie dans cette situation depuis plus de vingt ans. Ce gain d’une dizaine de points en rémission durable signifie, pour de nombreux patient-e-s, la perspective de plusieurs années de vie supplémentaires sans cancer. Parce que le protocole ne requiert pas d’analyse sophistiquée de la tumeur, il pourrait être adopté rapidement et largement, devenant ainsi un nouveau standard de soin international.

 

Retombées pour le CHUV et ses partenaires

La présentation en séance plénière de l’ASCO devant une audience de 44'000 participants, format réservé aux travaux susceptibles de modifier immédiatement la pratique clinique, place le CHUV et le réseau GORTEC à l’avant-scène de l’innovation en oncologie ORL. Elle confirme la capacité de notre institution à porter des études de grande envergure et à transformer leurs résultats en bénéfice direct pour les patient-e-s. Les prochaines étapes consisteront à intégrer le nivolumab dans les protocoles locaux dès l’obtention des autorisations réglementaires, puis à poursuivre les analyses afin de mesurer l’impact sur la survie globale.

 

En conclusion

En présentant NIVOPOSTOP, le Pr Jean Bourhis et ses collègues ouvrent une nouvelle ère pour les cancers ORL à haut risque. Grâce à eux, l’immunothérapie, déjà révolutionnaire dans d’autres tumeurs, prouve qu’elle peut aussi protéger durablement les patient-e-s après une chirurgie lourde. C’est un pas décisif vers des traitements plus efficaces et plus personnalisés, fidèle à la mission du CHUV : soigner aujourd’hui tout en inventant la médecine de demain.

 Dernière mise à jour le 11/06/2025 à 14:10