Regis Marion-Veyron

La réception du savoir psy: une étude empirique, épistémologique et historique

Thèse en cours sous la direction de Vincent Barras, IHM

Résumé

Aujourd’hui encore, la pratique psychiatrique est régulièrement questionnée, « challengée », en particulier dans le domaine de la psychiatrie transculturelle, de la psychiatrie forensique, ou même de la clinique des psychoses. Dans d’autres lieux de soin, le constat peut être très différent, avec un accueil respectueux et parfois enthousiaste, notamment pour des « supervisions psys » (sous forme de supervisions de groupe, de groupes Balint adaptés ou de brefs conseils d’orientation).

Au vu des connaissances actuelles, on peut donc à bon droit s’étonner des soupçons récurrents à l’égard de la pratique psychiatrique dans le champ des psychoses ou des graves troubles de la personnalité, alors que l’expertise des psychiatres dans le domaine de la supervision, elle, ne se discute guère, à une époque où les experts en éducation, en formation ou en coaching de vie sont pourtant nombreux et pourraient réclamer leur prééminence dans ce champ. Ce phénomène intriguant, celui d’un « savoir psy » qui reçoit un accueil variable, suscitant des résistances là où on s’y attendrait le moins d’un point de vue scientifique et de la bienveillance là où on pourrait imaginer une posture plus critique, est le point de départ de cette thèse.

D’un point de vue socio-anthropologique, Luhrman a mis en lumière de manière convaincante la dualité constitutive de la clinique psychiatrique (Of two minds, the growing disorder in American psychiatry, 2000). À y regarder de plus près, Makari a solidement étayé cette hypothèse 15 ans plus tard, d’un point de vue historique mais aussi depuis sa place de clinicien (Soul Machine, 2015). D’un côté, la psychiatrie vise à être une spécialité médicale « comme les autres », en s’adossant aux sciences dites dures (psychopharmacologie, neurosciences, épidémiologie et approche EBM) et, de l’autre côté, elle relève d’une expérience de la relation thérapeutique (de l’intersubjectivité). Dans l’étude proposée ici, je fais l’hypothèse que cette dualité constitutive serait la raison principale de l’accueil si variable et parfois si contradictoire fait au « savoir psy », que ce soit lors d’une rencontre clinique ou de manière moins directe (supervision, conseil, prise en charge d’un proche, témoignage, lecture d’article de journaux, etc…).

D’un point de vue méthodologique, je partirai de deux champs empiriques, la supervision et la clinique transculturelle, pour y observer la réception du savoir psy et ses écueils possibles. Dans la deuxième partie de cette étude, je proposerai une réflexion épistémologique sur la notion de confiance. C’est en effet à travers elle que la dualité constitutive de la psychiatrie se donnerait à voir de la manière la plus évidente aujourd’hui.

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Regis Marion-Veyron

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 Dernière mise à jour le 22/04/2024 à 09:19