Immersion

Côté professionnels - Récupération et bilan

«Comme après un marathon, le corps se remet à son rythme»

Le corps et l'esprit se remettent, accompagnés de près par les équipes médico-soignantes. Quand le patient est suffisamment en forme, il peut rentrer chez lui. Les lymphocytes T ont-ils fait leur travail ? Trente jours après la réinjection, le patient passe un scanner qui livre les premiers résultats de cette offensive. Martina Imbimbo, cheffe de clinique, nous décrit ces étapes.

La récupération

La chimiothérapie, la transfusion et la stimulation ont mis le corps du patient à rude épreuve, il va devoir récupérer avant de pouvoir quitter l’hôpital.

« Nous faisons face à deux types de toxicités pour l’organisme: celles causées par la chimiothérapie et celles dues à l’interleukine-2 (IL-2), détaille la Dre Martina Imbimbo, cheffe de clinique.

«La chimio a mis à plat les défenses immunitaires et les cellules sanguines, donc nous devons contrôler qu’elles se reconstituent progressivement.»

«Lors de bilans sanguins, nous observons en particulier l’évolution des neutrophiles, un type de globules blancs, ainsi que les plaquettes. Pour ce qui est des effets de l’IL-2, c’est surtout la surcharge de liquides qui doit être peu à peu éliminée. Le patient doit pouvoir respirer correctement sans apport d’oxygène», poursuite la cheffe de clinique.

Un autre point d’attention est l’alimentation. En général, le patient passe par une phase où il est nourri par la veine, car trop affaibli pour manger. La reprise se fait très progressivement, en douceur. Pour sortir, le patient doit pouvoir s’alimenter en suffisance par lui-même.

« La vitesse de récupération dépend beaucoup de l’âge et de l’état général de la personne avant l’hospitalisation; plus le patient est jeune et sans comorbidités, plus vite il va se remettre. Dans tous les cas, une fatigue accrue est à prévoir dans les semaines qui suivent le traitement. Si des effets secondaires indésirables perdurent, un suivi ambulatoire est assuré dans la majorité des cas. Les ré-hospitalisations sont plutôt rares » ajoute Martina Imbimbo.

L’heure du bilan

Le suivi ambulatoire du patient est organisé à sa sortie de l’hôpital. Trente jours après le traitement, il passe un scanner (PET-CT), puis est convié à une visite médicale en présence de son oncologue.

«On va observer sur les images du scanner la taille des lésions et leur activité métabolique: la maladie est-elle « morte » ou encore active? Nous analysons si la maladie a progressé ou au contraire régressé»

explique la Dre Imbimbo.

Souvent, le résultat n’est pas «blanc ou noir», il est possible que ce soit trop tôt pour savoir si l’immunothérapie a eu l’effet souhaité. Une biopsie sur le site tumoral vient compléter les analyses, afin d’effectuer un double contrôle. Dans tous les cas, un nouveau scanner a lieu 3 mois après le traitement, il permet de tenir compte d’éventuels effets retardés.

«Psychologiquement, l’état d’esprit des patients dépend beaucoup de comment ils ont vécu l’hospitalisation. Plus les effets secondaires ont été difficiles à supporter, plus le moral sera affecté. Cela peut générer beaucoup de frustrations», décrit la cheffe de clinique.

Pour les équipes médico-soignantes aussi, l’annonce du résultat a un impact important. « Ce sont des patients qu’on suit depuis le début du processus, nous portons les mêmes espoirs qu’eux. Les bonnes nouvelles sont magnifiques mais l’échec est difficile à gérer. Cela fait partie du métier », conclut Martina Imbimbo.

Texte: Amélie Kittel

 Last updated on 16/11/2023 at 19:07