Dans les pas d’un civiliste : un rôle discret, un soutien précieux

Publié par Danko Janette le 01.07.2025
Les civilistes jouent un rôle essentiel dans le quotidien des patient·e·s et du personnel hospitalier. Pendant un an, Valentin a accompagné les équipes du CCO avec énergie et bienveillance. Retour sur une expérience humaine riche – et inspirante.

À quelques jours de son départ, Valentin nous fait visiter « son » service. Après deux mandats de six mois passés comme civiliste dans le rôle d'accompagnant-patient au Centre coordonné d’oncologie, il connaît les lieux – et les gens – sur le bout des doigts. D’un étage à l’autre, il marche vite – mais prend toujours le temps de saluer. Chaque rencontre est ponctuée d’un sourire, d’un mot gentil ou d’une blague échangée. Lorsqu’il nous montre les coulisses, il désigne les endroits stratégiques avec assurance : ici, le couloir qui mène vers les laboratoires ; les salles de traitement ; plus loin, les fauteuils à ne jamais oublier de réapprovisionner.

Lors de notre échange, il pose un regard frais et humain sur l’hôpital – et dégage une présence solaire que patient·e·s comme équipes n’oublieront pas de sitôt.

 

Rencontre

 

Vous venez du monde de la restauration. Comment en êtes-vous venu à faire votre service civil dans un hôpital ?

J’aime le contact avec les gens.

Dans la restauration, les gens viennent passer un bon moment, se détendre après leur journée de travail, discuter. Travaillant en salle, j’ai ce contact direct avec la clientèle au quotidien.  Quand j’ai découvert cette mission de civiliste, ce qui m’a attiré, c’est justement le lien direct avec les patients. Puis j’avais envie de comprendre comment fonctionne un hôpital de l’intérieur, comment interagissent les différents services, la coordination interne…je n’y connaissais rien auparavant et j’ai découvert un monde passionnant !

 

En quoi consiste concrètement votre rôle ?

Je suis un peu » l’homme à tout faire » du service (rires) !

 J’accompagne les patient·e·s entre les différentes unités, je les aide à retrouver leur chemin, je les raccompagne à la sortie, je m’assure qu’ils puissent regagner leur domicile. Je vais chercher les prélèvements au laboratoire ou alors les culots de plaquettes ou de sang à l’unité de médecine transfusionnelle. Cela fait pas mal d’aller-retours entre les étages, je fais environ 15 km par jour, ça me fait mon sport pour la journée (rires). J’aide aussi à la distribution des repas ou à refaire les lits. J’assiste les aides-soignant·e·s dès que je le peux. C’est un rôle très polyvalent, qui permet aussi de soulager l’équipe soignante sur certaines tâches logistiques. Mais je passe la plupart de mon temps avec les patient·e·s.

 

Justement, quel est votre lien avec les patient·e·s  au fil du temps?

Il est fort. Ce n’est pas le même contexte que la restauration – ici, les gens viennent pour se faire traiter. C’est plus délicat, plus intense. Mais il y a un vrai lien qui se crée. J’ai accompagné certains patient·e·s pendant des mois. Je les vois évoluer, je vois les effets des traitements. Je partage parfois des moments très heureux, comme une annonce de guérison ou un dernier jour de traitement. Et parfois, c’est plus dur. Mais c’est profondément humain.

 

Avez-vous une anecdote à nous partager ?

Oui, un monsieur qui vient chaque jeudi pour son traitement. On a tissé un lien. Il m’appelle toujours, on se tutoie, il me sourit, me raconte ses journées. Sa femme l’accompagne parfois. Il a même pris l’habitude d’apporter des petites pâtisseries pour l’équipe : des mini-toast, des petits gâteaux… Malgré la maladie, il reste lumineux. Ce genre de relation hebdomadaire, c’est très gratifiant, ça va me manquer.

 

Y a-t-il eu des moments difficiles ?

Je ne dirais pas qu’il y a eu des tâches difficiles ou rebutantes. Mais certains moments sont délicats, comme lorsqu’il faut convaincre un·e patient·e d’accepter un accompagnement en chaise roulante. Je fais toujours en sorte de respecter et favoriser leur autonomie, mais parfois, après un traitement lourd, ce n’est simplement pas possible. Et là, il faut trouver les mots justes, avec douceur. Dédramatiser. Dire que je suis là « juste au cas où », souligner que les couloirs sont à l’échelle du bâtiment... Cela aide à faire accepter ce qui, pour certains, peut être vécu comme une perte de contrôle ou d’indépendance.

 

Qu’avez-vous appris ici ?

Tellement de choses. Sur l’organisation d’un hôpital, sur l’oncologie, sur la vie. J’ai appris à relativiser. Nos petits tracas quotidiens paraissent bien légers quand on voit des patient·e·s venir chaque semaine pour une chimio ou un contrôle. J’ai aussi appris beaucoup en observant, en posant des questions. Je suis curieux. Pourquoi tel prélèvement doit-il être transporté sur glace ? Pourquoi telle procédure ? Les infirmier·ère·s prennent toujours le temps de m’expliquer. C’est une richesse.

 

Et votre intégration dans l’équipe ?

Extraordinaire. Franchement, je suis tombé sur une équipe de rêve. Les infirmier·ère·s, les aides-soignant·e·s, les médecins, les chefs d’unité… tout le monde a été bienveillant, patient, disponible. J’ai été formé, guidé, encouragé. Même dans les journées les plus chargées, il y avait toujours quelqu’un pour répondre à mes questions ou m’aiguiller. On me donne des instructions claires et on prend le temps de m’expliquer.  Je suis autonome dans mon travail mais jamais je ne me sens seul. Sincèrement, je n’aurais pas pu espérer mieux.

 

Une conclusion, à quelques jours de la fin de votre mission ?

Je suis reconnaissant.

Au-delà d’avoir appris plein de choses et d’avoir fait de belles rencontres, cette expérience m’a transformé. Je suis plus calme, plus posé, plus conscient de la chance que j’ai. Dans quelques jours je vais transmettre le flambeau au prochain civiliste et le former au mieux. Je sais qu’il pourra compter sur une équipe exceptionnelle, et ça, c’est vraiment précieux.

 

 Dernière mise à jour le 02/07/2025 à 14:10