Parmi ses missions, le Service d’hématologie assure la prise en charge des cancers du sang. La Dre Anne Cairoli, médecin associée, nous parle des transplantations de cellules souches hématopoïétiques autologues (CSHA), dites «autogreffes», un traitement intensif proposé pour les pathologies les plus complexes.
Comment le CHUV est-il devenu le pôle de référence pour les transplantations CSHA en Suisse romande?
Le programme de transplantation lausannois détient depuis 2005 une accréditation européenne JACIE (Joint Accreditation Committee of ISCT-Europe and EBMT), un système de contrôle de la qualité mondialement reconnu. Les services d’hématologie, d’oncologie et des maladies infectieuses ainsi que la Transfusion Interrégionale CRS sont les partenaires de ce programme. Chaque année, nous réalisons entre 60 et 80 autogreffes. Ce nombre important de patients traités nous apporte une bonne expertise dans cette thérapie et nous place parmi les hôpitaux nationaux qui pratiquent le plus d’autogreffes.
Pour quels cancers du sang les propose-t-on?
Au CHUV, nous envisageons l’autogreffe comme choix thérapeutique pour les cancers du sang, des ganglions ou de la moelle osseuse. Ils comprennent le lymphome Hodgkinien et non-Hodgkinien principalement en rechute, le myélome multiple et certains types de leucémies aiguës. En général, ces maladies représentent environ 0,05% des incidences de cancer parmi les adultes en Suisse.
Le terme «greffe» évoque l’idée de transplantation. A quoi le patient doit-il s’attendre?
Dans le traitement du cancer, le terme «autogreffe» signifie une intensification de la chimiothérapie standard. Il englobe en fait deux axes. Le premier consiste à administrer une chimiothérapie intensive au patient, adaptée à certains types et stades de la maladie ou en cas de rechute, par exemple. Le deuxième axe comporte l’autogreffe proprement dite. Dans un premier temps, nous prélevons au patient ses cellules souches afin de les préserver des effets de la chimiothérapie. Ces cellules souches, produites dans la moelle osseuse, sont les précurseurs de toutes les cellules du sang. Après la chimiothérapie, elles sont infusées au patient par voie intraveineuse afin d’accélérer la production de globules rouges, blancs et de plaquettes.
Y-a-t-il un risque spécifique lié à la chimiothérapie intensive?
La chimiothérapie est conçue pour attaquer les cellules cancéreuses. Avoir recours à une chimiothérapie intensive est précieux lors d’une rechute ou à un stade avancé de certains types de cancers. Cependant, ce traitement cible l’élimination des cellules cancéreuses, mais il atteint aussi les cellules saines. Cela implique un certain nombre d’effets secondaires, dont la diminution passagère des plaquettes, des globules rouges et blancs, induisant une baisse des défenses immunitaires. Durant cette période, nos patients sont attentivement suivis dans des chambres spécialement aménagées à leur intention, jusqu’à ce que la moelle récupère à nouveau sa fonction.
Qu’offrez-vous au patient pour l’aider à traverser cette thérapie lourde?
Nous mettons un accent particulier sur la communication, au patient et à son entourage. Concrètement, mes collègues médecins et moi-même prenons le temps nécessaire pour expliquer de manière détaillée cette thérapie: son déroulement, ses effets secondaires et son suivi. Nous souhaitons que le patient se sente en confiance sur le déroulement du traitement et avec les professionnels qui le prennent en charge. Les infirmiers jouent un rôle-clé dans ce soutien, car ils sont très attentifs aux questions et aux inquiétudes des patients et de leur famille. Dans ce contexte, deux infirmières de coordination offrent ce soutien psychologique aux patients et à leur famille tout au long du traitement et également lors de leur retour à domicile.