Une collaboration interdisciplinaire au service des jeunes patients

À première vue, rien ne prédestinait Marietta Straub à s’intéresser à la question du retour à domicile des adolescent-es hospitalisé-es en psychiatrie : géochimiste formée à l’EPFZ et à Princeton University, cheffe du groupe de chimie radioanalytique à l’Institut de radiophysique (IRA), active dans la recherche sur les propriétés nucléaires des atomes appliquées à la médecine… Et pourtant, sa participation au Micro MBA du CHUV, il y a de cela deux ans, va l’emmener à s’intéresser de très près à ce sujet, au premier abord très éloigné de son expertise.

Une expérience collaborative unique

Encouragée par sa hiérarchie à suivre cette formation, Marietta Straub y découvre une autre facette de l’hôpital universitaire vaudois. « Ce fut l’occasion d’acquérir une vision plus globale de l’institution et de développer de nouvelles compétences », explique-t-elle. « Mais le plus enrichissant a été la rencontre avec des personnes issues d’horizons professionnels très différents du mien. »

Dans le cadre du projet de groupe, étape centrale de la formation, elle collabore étroitement avec des collègues du Département de psychiatrie (Alexia Stantzos et Pr Marco Armando) ainsi que du Département de l’appareil locomoteur et des neurosciences cliniques (Radina Tucovic). De ces échanges naît rapidement un projet concret : faciliter, grâce à une application, le retour à domicile des adolescent-es hospitalisé-es en urgence pour des troubles psychiques aigus.

« Après leur hospitalisation au CHUV, il n’y a souvent pas de suivi immédiat lors de la sortie. Les premières 48 heures sont pourtant critiques », souligne-t-elle. Afin de combler ce vide, le groupe a développé une déclinaison de l’application CHUV@home pour ce public précis. Les jeunes, mais aussi leurs proches, y trouvent des vidéos explicatives, des podcasts, des questionnaires interactifs et des outils d’autoévaluation. De quoi préserver le lien dans un moment sensible et limiter les réhospitalisations précoces.

De l’immersion au développement

Pour mener à bien le projet, Marietta Straub s’est immergée dans le quotidien de l’Unité d’hospitalisation psychiatrique pour adolescent-es (UHPA), en rencontrant ses équipes et plusieurs jeunes qui y avaient séjourné. Une expérience précieuse qui lui a permis de mieux cerner la problématique et de définir les besoins du terrain.

Quant au développement de l’outil, elle a mis à profit ses compétences scientifiques et son aisance avec les outils numériques pour structurer le contenu et co-développer l’interface de l’application avec Patrick Zosso, chef de projet à la DSI. Avec l’appui de collègues de l’IRA, elle a également participé à la réalisation d’une vidéo de présentation du projet. « Nous n’avions clairement pas les mêmes manières de travailler, mais c’est justement ce qui a fait la richesse du projet », explique-t-elle, en faisant le bilan du travail de groupe.

Premiers résultats prometteurs

Aujourd’hui, cette déclinaison de l’application chuv@home est en phase pilote auprès de jeunes patient-es, avec des retours encourageants. Géré par les équipes de l’UHPA sous la supervision d’Alexandra Blanc, infirmière diplômée, l’outil pourrait, à terme, être adapté et déployé dans d’autres unités psychiatriques. « Même si ça ne bénéficie qu’à quelques jeunes, c’est déjà beaucoup », confie Marietta Straub.

Au-delà de la réussite technique du projet, elle en retient surtout la dimension humaine : les rencontres avec les adolescent-es, les liens tissés avec l’équipe et une ouverture vers d’autres disciplines. « Nous avons pu répondre à un véritable besoin de santé, et rien que pour cela, l’expérience en valait la peine », souligne-t-elle. »