Les besoins en dialyse augmentent chaque année, notamment en raison de la progression de maladies chroniques comme l’hypertension ou le diabète, principales causes d’insuffisance rénale. Environ 4’500 personnes en Suisse sont dialysées en 2025. Le bon fonctionnement des reins est nécessaire pour éliminer les déchets du corps et équilibrer les sels minéraux ainsi que la pression artérielle. Lorsqu’un-e patient-e atteint un stade avancé d’insuffisance rénale, la dialyse s’impose, en attendant une greffe rénale.
Bien que la dialyse permette de suppléer au travail des reins et de prolonger la vie, elle entraîne des contraintes importantes et de lourdes répercussions sur les plans personnel et professionnel. La majorité des patient-e-s concerné-e-s doit ainsi se rendre dans un centre de dialyse trois demi-journées par semaine.
Des machines plus compactes
En Suisse, l’hémodialyse conventionnelle à domicile est disponible depuis plusieurs années mais très peu pratiquée : le matériel traditionnel est complexe et encombrant. Grâce aux récentes avancées technologiques, des machines plus compactes facilitent aujourd’hui une utilisation à domicile. Depuis le début de l’année, cette option thérapeutique innovante est disponible en Suisse. Le Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV a rapidement adopté cette solution et a formé son premier patient à l’hémodialyse compacte et quotidienne à domicile.
Une formation par l’équipe infirmière dédiée
Au centre de dialyse du CHUV, une équipe infirmière dédiée a été spécifiquement formée par le fournisseur de l’équipement. Les professionnel-le-s ont ensuite accompagné le patient durant six semaines, lui transmettant les compétences nécessaires pour une utilisation autonome à domicile. « En comprenant son traitement, en maîtrisant le moniteur de dialyse et les gestes techniques comme le branchement et le débranchement du cathéter, le patient devient expert de sa prise en charge. Il surveille ses séances, gère les alarmes en toute sécurité et sait qu’il peut contacter notre équipe à tout moment », explique Stéphanie Nergoux, infirmière au Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV.
Des effets positifs sur la qualité de vie
Contrairement à l’hémodialyse classique (3 séances de 4 heures par semaine), l’hémodialyse à domicile permet des séances plus courtes (environ 2 heures) mais plus fréquentes (5 à 6 jours par semaine). Ce rythme correspond davantage au fonctionnement naturel des reins, avec pour résultat une meilleure tolérance au traitement et une amélioration significative de la qualité de vie. Les activités professionnelles et sociales, ainsi que les loisirs, sont facilités grâce à une plus grande flexibilité et des déplacements limités à l’hôpital.
Après un mois d’utilisation, Roberto, patient de 34 ans, est enthousiaste : « Les séances se passent très bien. L'organisation à la maison est encore en cours mais nous trouvons notre rythme avec ma compagne. Surtout, je me sens beaucoup moins fatigué qu'avec la dialyse en centre : j'ai pu reprendre une activité professionnelle à 40% et je retourne à la salle de sport deux fois par semaine ».
« Pour être éligibles à l’hémodialyse à domicile, les patients doivent avoir une maladie stable, être capables d’effectuer les gestes techniques nécessaires et faire preuve d’une motivation pour s’engager dans ce projet », ajoute Dr Menno Pruijm, responsable de la dialyse au Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV, Professeur associé à la Faculté de biologie et de médecine (UNIL) et président de la commission de dialyse à la Société suisse de néphrologie.
Cette première marque une étape clé vers une prise en charge plus individualisée des patientes et patients atteints d’insuffisance rénale.