À la découverte des laboratoires du CHUV - épisode 1

Les « plateformes »

Actifs dans les coulisses, les laboratoires de médecine du CHUV jouent un rôle primordial dans la prise en charge quotidienne des patient-e-s. Dans ce premier épisode, nous partons à la découverte des « plateformes » de la direction du DMLP avec Cyril André, directeur médico-technique. Interview.

Cyril André, en plus de ses sept services, le Département médecine de laboratoire et pathologie (DMLP) compte quatre plateformes de laboratoire. Qu’entend-on exactement par « plateforme »?

Les plateformes sont des regroupements d’activités administratives, techniques ou technologiques de laboratoire qui soutiennent les activités des services du DMLP. Nous en comptons actuellement quatre : la réception des laboratoires, la plateforme de séquençage NGS, celle de cytométrie en flux, ainsi que le laboratoire pré-analytique.

Pourquoi avoir mis en place ces plateformes ?

Ce projet de plateforme a débuté en 2019 sous l’impulsion du Prof. Giuseppe Pantaleo, peu de temps après sa prise de fonction à la tête du DMLP. Leur création visait principalement trois objectifs. Tout d’abord, il s’agissait d’optimiser les ressources en rationalisant l’utilisation des équipements techniques de pointe qui étaient disséminés dans les différents services. Le deuxième but était de permettre aux technicien-ne-s en analyses biomédicales de se spécialiser dans des domaines techniques complexes. Enfin, au travers de ces plateformes, la volonté était d’offrir des perspectives de développement à l’ensemble des laboratoires avec des installations mutualisées innovantes et régulièrement mises à jour. À noter que la création des plateformes a été réalisée sans ressource supplémentaire, en rapatriant les activités avec des équipements et des postes déjà existants dans les services du département.

« La création de ces plateformes visait notamment à optimiser l'utilisation des équipements techniques de pointe. »

Parmi ces plateformes, vous avez cité la réception des laboratoires qui joue un rôle majeur dans le flux d’activité du département. Quelles sont ses principales missions ?

La réception des laboratoires est le point de chute unique des demandes d’analyses adressées aux laboratoires du CHUV, aussi bien depuis l’interne que de l’externe. Elle réceptionne, trie, enregistre et achemine chaque jour en moyenne 4000 demandes d’analyses. La réception des laboratoires prend également en charge l’aliquotage, c’est-à-dire la répartition de matériel biologique en plusieurs tubes, des échantillons destinés à certains laboratoires spécifiques. Enfin, elle s’occupe de la préparation et de l’envoi des demandes d’analyses qui ne sont pas réalisées dans les laboratoires du CHUV. La réception des laboratoires en tant que telle a été créée en 2009. Du fait de son rôle transversal, elle a été rattachée à la direction du DMLP en 2020 et a ainsi été la première pierre du projet de plateformes de laboratoire.

Une partie de l'équipe de la réception des laboratoires, dirigée par Selda Ozgonul (3e depuis la dr.)
En moyenne, 4'000 demandes d'analyses sont traitées par jour à la réception des laboratoires.
Une partie des échantillons sont acheminés via le réseau de poste pneumatique du CHUV.

La plateforme de séquençage NGS (next-generation sequencing) a quant à elle été inaugurée 2021. A quels besoins répond-elle ?

Cette plateforme réalise la partie technique des analyses de séquençage d’ADN pour les laboratoires du département. Ces analyses sont réalisées selon la méthode next-generation sequencing (NGS), soit séquençage à haut débit en français. Apparue au début des années 2010, cette méthodologie moléculaire a révolutionné la médecine de laboratoire en permettant le séquençage rapide de milliers à des millions de molécules d'ADN ou d’ARN simultanément. Cette technologie est appliquée dans de nombreux domaines cliniques comme les maladies génétiques, l’oncologie, la transplantation, l’infectiologie ou encore l’épidémiologie.

Quelques mois après la plateforme de séquençage NGS, celle de cytométrie en flux voit le jour. Quels types d’analyse sont réalisés dans ce laboratoire ?

La cytométrie en flux est une technique de laboratoire qui permet de caractériser de manière très précise les cellules dans les liquides biologiques. Elle est notamment utilisée pour le suivi des patients HIV ou immunodéprimés, la transplantation d’organes, le dépistage et l’identification de certaines maladies oncologiques comme les leucémies, ou encore la quantification de cellules souches pour les autogreffes. Tout comme la plateforme de séquençage NGS, la plateforme de cytométrie de flux soutient les laboratoires du département dans leurs analyses.

Située à l'Hôpital de Beaumont, la plateforme de séquençage NGS est dirigée par Bruno Titus, TAB chef d'unité (2e dépuis la dr.)
Plus de 6'000 échantillons sont séquencés par la plateforme NGS chaque année.
Emmanuelle Medjitna (au centre), TAB cheffe d’unité de la plateforme de cytométrie, entourée d'une partie de son équipe.
La plateforme de cytométrie analyse plus de 12'000 échantillons par année.
L'équipe du laboratoire pré-analytique, dirigé par Elodie Ristorcelli, PhD (au centre).
En tant qu’infrastructure de biobanque, le laboratoire pré-analytique a obtenu les labels VITA, NORMA et OPTIMA auprès de la Swiss Biobanking Platform qui garantissent la qualité des processus opérationnels.

Le laboratoire pré-analytique est le dernier en date à avoir intégré ce système de plateformes. Quelles sont ses activités ?

Le laboratoire pré-analytique a été créé pour gérer les échantillons de la Biobanque génomique du CHUV (BGC). Au vu de son rôle transversal, il a été intégré aux plateformes du DMLP en 2022. Le laboratoire pré-analytique revêt essentiellement un rôle de soutien aux études cliniques et à la recherche. Pour ce faire, il propose des services de traitements, de stockage et de mise à disposition d’échantillons biobanques. A noter qu’il gère également les cohortes nationales HIV et transplantation.

Cette organisation est relativement jeune, quel premier bilan en tirez-vous ?

Pour ce qui est de la réception des laboratoires et du laboratoire pré-analytique, ce sont des organisations qui ont déjà fait leurs preuves et dont le bénéfice est reconnu bien au-delà de notre département. Quant aux autres plateformes technologiques, nous en tirons un premier bilan positif. Malgré la complexité logistique de l’exercice, à savoir le manque de locaux et la dissémination des laboratoires sur toute la cité hospitalière, nous avons pu développer les compétences de nos technicien-nes et rendre l’utilisation de nos installations plus efficiente, ce qui a déjà conduit à une tendance à la baisse des coûts.

Quelles sont les perspectives d’évolution de ces plateformes ?

Nous allons poursuivre leur développement, en collaboration avec les services du DMLP et en réponse aux besoins cliniques. Nous prévoyons également de finaliser le transfert d’activités qui n’ont pas pu se faire à ce jour tout en poursuivant le développement technologique, via l’acquisition de nouveau matériel et la mise au point de nouveaux tests. Nous avons enfin pour ambition de mettre en place d’autres plateformes notamment de spectrométrie de masse.

 

Propos recueillis par Franco Genovese

Photos: CHUV/Apichat Guanguillet

 Dernière mise à jour le 15/04/2024 à 11:27