Témoignage d'un patient recueilli par le Dr Raphaël Heinzer, co-directeur du Centre d'investigation et de recherche sur le sommeil.
J’ai toujours beaucoup ronflé, dès la fin de mon adolescence. Mais cela ne me dérangeait pas du tout, du moins jusqu’à l’âge de 45 ans.
Mon sommeil s’est alors brusquement détérioré. Finies, les nuits de 7 ou 8 heures sans broncher. Régulièrement réveillé plusieurs fois par nuit, j’ai d’abord recouru à de légers somnifères. Mais, malgré un tout petit mieux, je me levais toujours plus fatigué, malgré des nuits de 6 à 8 heures, voire 10 heures le week-end. La situation n’était plus vivable. Je m’endormais devant la télévision, dans le train, devant mon ordinateur, ou même encore lorsque je corrigeais des cahiers. Il m’arrivait parfois de manquer un jour le travail, n’en pouvant plus. Un événement m’a alarmé: je me suis endormi un jour en classe, devant mes élèves... Cette fois-ci la situation ne pouvait plus durer, il fallait réagir! Même en vacances, alors que je "dormais" 12 à 13 heures par nuit, je ne parvenais plus à récupérer.
Mon médecin de famille m’a orienté vers le centre du sommeil au CHUV qui m’a prêté un appareil enregistreur démontrant que je me réveillais souvent durant la nuit, suite à des arrêts respiratoires dont certains dépassaient 90 secondes... Il s’agissait donc d’un syndrome d’apnées du sommeil.
Mon cas était sérieux: je subissais 72 arrêts respiratoires par heure, dont certains assez longs. Le pneumologue m’a présenté un petit compresseur d’air relativement silencieux associé à un masque nasal pour m’aider à respirer pendant mon sommeil.
De retour à domicile, tout content, imaginant que tout allait rentrer dans l’ordre, je me suis donc endormi avec le masque. Mais les difficultés ont resurgi. Je m’emmêlais dans le tuyau d’air lorsque je me mettais sur le côté, le masque se déplaçait légèrement, l’air fuyait en haut du nez et me soufflait dans les yeux... Que de petits problèmes! Bref, la première nuit n’a pas été la bonne. Mais il FALLAIT persévérer.
Au bout de 2 ou 3 nuits, toujours aussi agitées, je me suis rendu compte un matin que j’étais bien, détendu, sensation que je n’avais plus éprouvée depuis de longs mois.
En une semaine, le nombre d’arrêts respiratoires était tombé de 72 à 9 par heure.
On m’a proposé un autre masque, moins encombrant, composé de deux petites valves qui s’appliquent sur les narines. Par ailleurs, un humidificateur est ajouté à l’appareil.
A ce jour, cela fait environ deux mois que je dors avec ce petit compresseur (un CPAP). Ce système de respiration assistée est bon, mais n’est pas encore la panacée. Pourtant, avant ce traitement, je n’étais plus que l’ombre de moi-même, un zombie. Je n’avais plus de cerveau, j’avais l’impression de ne rien avoir au-dessus des yeux. J’avais arrêté de jouer de la musique, j’attendais... J’attendais quoi? Je ne sais pas... Mais je n’avais plus aucun plaisir de vivre. Maintenant je me sens mieux. Pas parfaitement bien, mais mieux. Quel progrès!
Merci à tous ceux qui sont intervenus en ce sens, et que les recherches continuent!