Sclérose en plaques : les intestins, un acteur-clé de la maladie ?
L’équipe du Laboratoire de neuroimmunologie expérimentale rattaché au Service de neurologie et dirigé par la Professeure Caroline Pot a mis en évidence, dans un article paru cette semaine (23.09.2025) dans Cell Reports, le rôle déterminant du microbiote intestinal dans l’évolution des maladies neuroinflammatoires comme la sclérose en plaques.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire chronique du système nerveux central qui touche plus de 18’000 personnes en Suisse, principalement de jeunes adultes. Le développement de cette maladie est sous le contrôle de facteurs génétiques et environnementaux.
Ces dernières années, le lien entre intestin et cerveau – appelé « axe intestin-cerveau » – a attiré l’attention des chercheuses et chercheurs comme un élément important dans le développement de cette maladie auto-immune. Mais de nombreuses questions restent encore sans réponse.
Dans cette étude, la Professeure Caroline Pot et son équipe mettent en évidence un rôle clé du microbiote intestinal – l’ensemble des micro-organismes présents dans nos intestins – dans l’aggravation des symptômes neurologiques de la SEP. En utilisant un modèle murin (souris) de la maladie, ils ont montré que certaines cellules immunitaires, notamment les lymphocytes Th17, passent par les intestins avant de s’attaquer au système nerveux central. Une fois dans les intestins, ces cellules deviennent pathogènes, c’est-à-dire qu’elles acquièrent des propriétés néfastes, en étant exposées à des substances produites par la flore intestinale.
L’équipe a identifié un de ces composés : l’indole-3-carboxylate (I3CA), un métabolite issu du tryptophane, fabriqué par certaines bactéries intestinales. Ce composé favorise l’inflammation et aggrave les symptômes neurologiques dans le modèle animal.
Plus étonnant encore, l’équipe de recherche a constaté que les niveaux d’I3CA dans le sang de personnes atteintes de SEP sont associés à un biomarqueur de sévérité de la maladie : la chaîne légère de neurofilaments (NfL), aussi mesurable dans le sang.
Ces résultats mettent en lumière des mécanismes encore peu explorés entre le système immunitaire et les petites molécules sécrétées par le microbiote intestinal. Ils ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques, en particulier par des actions ciblées pour favoriser l’équilibre de la flore intestinale.
Une avancée prometteuse pour mieux comprendre – et peut-être un jour traiter – la neuroinflammation à travers l’intestin.
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Rebeaud et al. ; “Gut-derived metabolites drive Th17 cell pathogenicity in multiple sclerosis.” ; 2025, Cell Reports, Volume 44, Issue 10,
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