Financement du FNS au PGE pour développer la « remédiation urbaine »

 

La Dre Abrahamyan Empson et le Prof. Conus en collaboration avec O. Söderström, prof. de géographie sociale à l’UNINE, M. Winz, post doc en géographie humaine et J. Favrod, prof. à l'HES-SO, reçoivent un soutien du FNS pour une "remédiation urbaine"

 

Vivre son enfance en milieu urbain augmente le risque de développer une psychose, mais la causalité de ce lien est mal définie : on évoque souvent le « stress urbain », sans pourtant le définir. Un premier projet FNS multidisciplinaire conduit entre 2015 et 2021 entre le Service de psychiatrie générale (PGE), le programme TIPP (traitement et intervention précoce dans les troubles psychotiques) et l’équipe d’Ola Söderström, professeur de géographie sociale à l’Université de Neuchâtel, a permis d’explorer la nature de ce stress urbain chez les jeunes patient·es présentant une psychose et les stratégies d’adaptation mises en place pour y faire face.

A travers 10 parcours urbains filmés de jeunes patient·es et des questionnaires soumis à 20 autres, il a été possible d'établir qu’après un premier épisode de psychose, certaines caractéristiques de la ville la rendent inadaptée aux besoins des patient·es qui ne s’y rendent plus et sont ainsi privés de ses richesses. Ils sont gênés avant tout par la densité (de constructions et de personnes), la surcharge en stimulations visuelles et auditives, les obstacles à une mobilité fluide et la pression générée par le risque de devoir interagir socialement. Pour y faire face, ils adoptent en majorité l’une de trois stratégies suivantes : régulation et programmation de leurs déplacements en ville, création de bulles d’isolation (casques sur les oreilles, lunettes, en se faisant accompagner par une personne de confiance), passage par des ilots de répit en cours de trajet.

Un questionnaire présenté à 300 patient·es et 200 étudiant·es en médecine (groupe contrôle) a confirmé cette inadaptation de la ville aux besoins des patient·es, en lien principalement avec la crainte d’interactions sociales et la surcharge en stimulation. Il a aussi révélé la diminution de l’effet bénéfique, chez les patient·es, des zones de répit tels que les espaces verts, probablement en lien avec le phénomène d'anhédonie (symptôme caractérisé par le manque de ressenti).

Une "remédiation urbaine"

Sur la base de ces résultats, il a été décidé de lancer un deuxième projet visant à ce que les patient·es aient à nouveau accès à la ville, considérant que si elle est un lieu de stress potentiel, elle est aussi un lieu d’enrichissement, de lien social et d’accès à la connaissance et aux ressources. Le développement d’une stratégie de « remédiation urbaine » (stratégie thérapeutique visant à faciliter la reconquête de l’espace urbain) a donc été entrepris, en collaboration des professionnel·les de la santé mentale, des géographes, des pair·es praticien·nes et des patient·es.

Dans un premier temps, le projet a été pensé de manière trop restrictive, sous la forme d’un ensemble de stratégies thérapeutiques visant avant tout à renforcer les compétences des patient·es à faire face au stress urbain et aux éléments mis en évidence dans la première étude.  Il a ensuite été élargi, sous l’influence des géographes, à un projet visant aussi et surtout à modifier la ville elle-même pour qu’elle soit mieux adaptée aux besoins de tous et donc des patient·es, en impliquant également les autorités communales de Lausanne, aussi bien au plan organisationnel et urbanistique que social. Ce projet, récemment financé par le FNS, sera conduit par un panel mixte comprenant patient·es, soignant·es, psychiatres et géographes, en collaboration avec la municipalité. Il débute par une cartographie détaillée de la ville, de ses lieux de stress et de répit, se poursuivra par l’implantation de la stratégie dans un quartier pilote et débouchera sur un plan de santé mentale à l’échelle de la commune.

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 Dernière mise à jour le 02/02/2023 à 08:33