Les références numérotées placées en exposant se trouvent dans la bibliographie de la version pdf téléchargeable des FAQ (voir au bas de cette page).
On peut définir un jeu de hasard et d’argent comme une activité ludique qui implique de l’argent ou un bien, et dont l’issue dépend en partie ou exclusivement du hasard. Il est important de bien différencier les jeux de hasard et d’argent des jeux d’adresse.
En effet, dans les premiers, il n’y a pas ou peu d’influence possible sur le jeu par les compétences ou l’expérience des personnes qui jouent : le résultat dépend exclusivement ou en grande partie du hasard. Dans les jeux d’adresse (p. ex., billard, fléchettes, etc.), au contraire, les compétences et l’expérience de la personne qui joue influencent clairement l’issue du jeu.
Quelques exemples de jeux de hasard et d’argent :
A l’heure actuelle, pratiquement tous les jeux de hasard et d’argent sont accessibles en format online.
Dans les jeux de hasard et d’argent, la probabilité de perdre est statistiquement toujours plus importante que celle de gagner, pour des raisons structurelles : l'opérateur qui exploite les jeux y veille tout particulièrement, puisque la viabilité de son entreprise dépend de sa commission. Pourtant, retiré de son contexte statistique, le jeu est propre à stimuler chez tout individu des pensées anticipant l'agrément d'un gain important ainsi que des pensées non rationnelles relatives à la probabilité de gains. Certaines personnes pourront même se croire en mesure de développer une stratégie pour « battre le système ». De telles croyances peuvent favoriser une perte de contrôle du comportement de jeu, occasionnant des pertes considérables. Cette perte de contrôle est difficile à anticiper, dans la mesure où les facteurs de vulnérabilité sont multiples. Il apparaît donc très important de prévenir toutes les personnes qui jouent de ce danger potentiel. Dans la plupart des pays industrialisés, et notamment en Suisse, les lois encadrant les jeux prévoient un devoir d’information aux usager·ère·s de la part des industries concernées et des instances de régulation, à l'exemple des exigences introduites pour d'autres produits susceptibles d'affecter la santé (p. ex., tabac, certains produits agroalimentaires, produits dangereux pour les enfants, etc.).
En Suisse, il s’agit de la Loi fédérale sur les jeux d’argent (LJAr)1, entrée en vigueur avec son ordonnance (OJAr)² le 1er janvier 2019. Cette loi vise à :
Cette loi s’applique aux loteries (Swisslos et Loterie romande) et aux casinos (terrestres et en ligne). Elle met en place des organes de surveillance, au niveau fédéral pour les casinos (Commission fédérale des maisons de jeu - CFMJ) et au niveau intercantonal pour les loteries (Interkantonale Geldspielaufsicht - Gespa). Elle prévoit la mise en place de mesures de protection des personnes qui jouent dont l’obligation, pour les jeux dont le potentiel de dangerosité est élevé, de détecter et d’exclure les personnes jouant au-delà de leurs moyens. La loi prévoit également que seuls les casinos suisses ont accès au marché des jeux de casino en ligne et elle prévoit le blocage des sites étrangers proposant des jeux de hasard et d'argent. L’offre en ligne nationale de jeux de casino s’est développée à partir de la mise en vigueur de la LJAr. Auparavant, les seules offres de jeu en ligne légales étaient les jeux de loterie et les paris sportifs/hippiques, et seules les loteries nationales, Swisslos et la Loterie romande, étaient autorisées à les exploiter.
La LJAr fourni ainsi un cadre à l’exploitation des jeux en ligne, dans le but affiché d’éviter de potentielles dérives. En effet, les offres étrangères illégales de jeux en ligne présentent de nombreux risques, notamment moins de contrôle sur les jeux, pas de contrôle sur la probabilité statistique de gains, une publicité mensongère, un retrait des gains difficile et une absence de mesures de protection des personnes qui jouent. Concernant cette protection, le cadre d’exploitation suisse des jeux en ligne prévoit en revanche que les opérateurs de jeu doivent mettre en œuvre des mesures de repérage et d’exclusion des personnes jouant au-delà de leurs moyens, de manière similaire à ce qui est attendu des casinos terrestres.
En 2025, et en l’état actuel de la mise en œuvre effective de la LJAr, il reste difficile d’empêcher l’exploitation de jeux en ligne étrangers en Suisse, d’encadrer la publicité, en particulier sur les réseaux sociaux, et d’encadrer des jeux de loteries et paris hybrides (mi-online, mi-terrestres) qui échappent à tout ou une partie de l’obligation de détection et d’exclusion. L’Office fédérale de la justice a reçu le mandat du Conseil fédéral de mettre sur pied un processus d’évaluation de la LJAr.
Pour les personnes qui jouent de façon récréative, sans que leur comportement de jeu n’occasionne de difficultés, les motivations à jouer sont le plus souvent liées (1) aux émotions ainsi procurées (recherche de divertissement, de tension, d’excitation, de plaisir, etc.), (2) au contexte social (passer un bon moment avec des ami·e·s, se sentir reconnu•e, etc.) et (3) à l’argent (chercher à « tenter sa chance », espoir de gagner, etc.)3.
Ces mêmes motivations se retrouvent fréquemment chez les personnes qui jouent de manière excessive. Toutefois, elles prennent une autre tournure car d’autres motivations deviennent prépondérantes. Par exemple, l’espoir de gagner devient celui de récupérer ses pertes (« se refaire ») et la recherche de sensations fortes agréables se mue en volonté de fuir des problèmes ou de diminuer des émotions négatives, un sentiment de frustration, voire un état dépressif4.
Les troubles liés aux jeux d’argent sont reconnus comme des troubles psychiques. Le DSM 55, manuel diagnostique de référence en matière de psychiatrie, intègre le trouble lié aux jeux d’argent dans la catégorie des troubles addictifs. Le diagnostic doit être posé par un·e professionnel·le de la santé et se base sur la liste des 9 critères ci-après. Il est retenu si la personne présente 4 critères ou plus, sur une période d’au moins 12 mois. Si la personne présente 2 ou 3 critères, on parle alors de jeu problématique ou de jeu à risque (voir question 9).
Sur le plan international, entre 0.1% et 5.8% de la population sont touchés par un comportement de jeu excessif, ces pourcentages variant selon les outils d’évaluation, les pays et l'accessibilité aux différentes offres de jeux6. En Suisse, d’après une enquête nationale réalisée en 2022, 4.3% de la population sont concernés si l’on se base sur les 12 derniers mois7. Une étude menée auprès de jeunes hommes (18-22 ans) en Suisse romande estime que 17.6% ont présenté un comportement de jeu à risque au cours des 12 derniers mois, et 3.6% ont présenté un comportement de jeu problématique8.
Le trouble lié aux jeux d’argent est considéré comme une « addiction comportementale », au sens d’un trouble addictif non lié à une substance. Il partage cependant un certain nombre de points communs avec les troubles liés à l’usage de substance. Ces caractéristiques communes sont notamment : une envie « irrépressible » de consommer le produit ou de pratiquer le jeu (craving), une perte de contrôle de la consommation ou du comportement, des tentatives infructueuses pour arrêter ou limiter le comportement problématique et des conséquences négatives découlant du comportement en question. On observe aussi fréquemment des symptômes de tolérance, c’est- à-dire un besoin d’augmenter la quantité de la substance ou du comportement problématique pour obtenir un effet satisfaisant ainsi que, dans certains cas, des symptômes de sevrage, qui se traduisent par une tension ou une nervosité lorsque la prise du produit ou le comportement ne peuvent avoir lieu.
Différents modèles tentent d’expliquer pourquoi certaines personnes sont plus sujettes que d’autres à développer un trouble lié aux jeux d’argent. Les modèles comportementaux mettent en avant le rôle joué par l’apprentissage. Lorsqu’une personne joue et gagne, elle va apprendre que son comportement (jouer) est suivi d’une conséquence positive (gagner de l’argent). Ce phénomène est appelé renforcement positif. Dans les jeux de hasard et d’argent, on parle de renforcement intermittent car les gains sont occasionnels et non prédictibles. Des recherches ont confirmé que, confrontées à ce type de renforcement, les personnes ont tendance à poursuivre le comportement, même si les conséquences positives ne sont qu’occasionnelles9. La personne qui joue va ainsi continuer à jouer dans l’espoir de gagner, même si ses pertes sont plus importantes que ses gains. Nombre de personnes ayant développé un comportement de jeu excessif rapportent avoir eu un gain significatif quand elles ont commencé à jouer, cette expérience restant comme ancrée dans leur mémoire, nourrissant la croyance qu’elles pourraient reproduire un tel gain.
Les modèles cognitifs expliquent le développement d’un trouble lié aux jeux d’argent par des croyances incorrectes sur les jeux d’argent et, en particulier, sur la possibilité d’influencer positivement l’issue du jeu10. Ces croyances renforceraient l’espoir de gagner, et donc intensifieraient le comportement de jeu. Or, dans les jeux de hasard et d’argent, il est important de se rappeler de deux principes fonda- mentaux, l’espérance de gain négative et l’indépendance des tours : l’espérance de gain négative renvoie au fait que, statistiquement, la personne qui joue est immanquablement perdante à long terme, dès lors qu’elle va rejouer les sommes gagnées. A l’inverse, l’industrie du jeu qui organise la structure statistique des gains de manière à toucher une commission, sera toujours gagnante à long terme. L’indépendance des tours implique que, dans les jeux de hasard et d’argent, il n’y a pas de lien entre les différentes parties. Chaque par- tie jouée étant indépendante, il est impossible de prévoir l’issue des mises en fonction de la connaissance des mises précédentes. Les croyances incorrectes vis-à-vis des jeux d’argent vont à l’encontre de ces deux principes fondamentaux. Par exemple, la personne qui joue va penser que plus elle joue, plus elle a de chance de gagner. Si un gain a déjà eu lieu, elle peut penser, soit qu’elle a plus de chance d’obtenir un second gain, soit qu’elle en a moins.
Les modèles neurobiologiques mettent l’accent sur des voies d’activation liées aux processus émotionnels, communs à tous les troubles addictifs. Dans ce type de troubles, on observe une mise en action de ce que l’on appelle le « circuit de la récompense », dans lequel l’un des principaux neurotransmetteurs impliqués est la dopamine. Des études ont montré que les personnes présentant un trouble lié aux jeux d’argent présentent une dérégulation du circuit de la récompense dopaminergique, notamment lors de l’anticipation de la récompense11. Selon ces modèles, le comportement de jeu serait alors un moyen de réguler le niveau de dopamine, diminuant ainsi momentanément un mal-être.
La tendance actuelle est de considérer que les causes d’un trouble lié aux jeux d’argent sont multiples et renvoient à des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Le modèle dit des pathways, que l’on pourrait traduire par « trajectoire »12 propose d’intégrer cette complexité. Un premier pathway rend compte des personnes qui vont développer un comportement de jeu régulier après avoir été exposées à une offre de jeu accessible, et qui vont être sou- mises aux mécanismes du renforcement intermittent caractéristiques des jeux d’argent (gains occasionnels et imprédictibles). Pour certaines personnes, lorsque le plaisir associé à l’anticipation du gain tend à prévaloir sur d’autres sources de plaisir, un emballe- ment est susceptible de conduire à une perte de contrôle du comportement de jeu. Un deuxième pathway décrit les personnes qui vont également être exposées à une offre de jeu accessible, et qui vont être soumises aux mêmes mécanismes de renforcement intermittent, mais qui présentent une vulnérabilité émotionnelle pré- existante. Cette vulnérabilité est liée à leur histoire personnelle et/ ou à la présence de troubles émotionnels comme un trouble anxio-dépressif. Finalement un troisième pathway décrit les personnes qui remplissent les mêmes caractéristiques que dans le deuxième pathway mais qui, en plus, présentent une vulnérabilité biologique préexistante, caractérisée par une tendance à l’impulsivité et à la recherche de sensations.
Il n’existe pas un profil-type des personnes qui développent un trouble lié aux jeux d’argent. Ce dernier peut toucher des per- sonnes de tous âges et de toutes catégories sociales. Néanmoins, les statistiques indiquent que ce trouble se manifesterait plus fréquemment chez des personnes de sexe/genre masculin, jeunes (env. 20-30 ans), avec un statut socio-économique modeste, séparées ou divorcées, et présentant des traits impulsifs13,3,14. Une étude menée en Suisse romande estime que les adolescent·e·s et jeunes adultes seraient 10 fois plus à risque de développer un trouble lié aux jeux d’argent que des personnes plus âgées15.
D’autres facteurs de risques sont associés à l’apparition d’un trouble lié aux jeux d’argent, tels qu’une accessibilité croissante à des offres de jeux ou encore une consommation excessive d’alcool et/ou d’autres substances psychoactives16,13.
Pour ce qui est des offres de jeux en ligne, les jeunes adultes sont particulièrement vulnérables. Les personnes qui présentent un comportement de jeu en ligne à risque ou problématique sont davantage représentées chez les 18-29 ans que dans les autres tranches d’âges17. Ces observations montrent l’importance de mener des actions de prévention auprès des adolescent·e·s et jeunes adultes, au même titre que pour les consommations de substances et d’autres conduites à risque.
Pour certaines personnes, jouer à des jeux de hasard et d’argent représente une activité divertissante et agréable, sans conséquences particulières. Mais une partie non négligeable des personnes qui jouent va faire l’expérience d’une perte de contrôle plus ou moins importante et durable de son comportement de jeu, pouvant mener à des conséquences négatives dramatiques pour la personne elle- même et pour son entourage. Le plus souvent, ce processus n’apparaît pas d’un jour à l’autre mais se développe graduellement et de manière imperceptible. Le schéma de la page suivante représente les différents comportements de jeu observables dans la population générale. Il est inspiré du système de classification développé par Shaffer et al.18.
Absence de jeu | Jeu récréatif | Jeu à risque | Trouble lié au jeu d’argent |
L’absence de jeu concerne évidemment les personnes qui ne jouent pas aux jeux de hasard et d’argent.
On parle d’un comportement de jeu récréatif pour définir un comportement qui ne pose pas de problème particulier. Pour les personnes qui jouent de cette manière, le jeu est un divertissement. Elles jouent occasionnellement, tiennent compte de leurs possibilités financières et peuvent mettre un terme à leur jeu de manière contrôlée. Elles acceptent de perdre l'argent misé et ne rejouent pas pour essayer de récupérer leur mise.
On parle d’un comportement de jeu à risque pour définir un comportement qui entraîne un certain nombre de conséquences négatives19. Ces conséquences peuvent être de nature financière, familiale, professionnelle, sociale et/ou psychologique. La personne qui joue a tendance à augmenter ses mises et il lui arrive de jouer plus d’argent, plus souvent et plus longtemps que prévu, dans l’espoir de « se refaire », c’est-à-dire de récupérer l’argent perdu. Le risque qu’un trouble constitué se développe est augmenté.
On parle d’un trouble lié au jeu d’argent pour définir un comportement qui implique un niveau de sévérité supérieur. Les personnes rencontrent de sérieuses difficultés à contrôler leur comportement de jeu, multipliant les conséquences négatives. Jouer devient une préoccupation qui envahit les relations familiales, sociales et/ou professionnelles. Il n’est pas rare que des troubles émotionnels (dépression, anxiété) et des idées suicidaires se développent. Les personnes qui présentent un tel comportement empruntent fréquemment de l'argent pour continuer de jouer ou tenter de se sortir de situations financières problématiques (surendettement).
On parle d’un comportement de jeu excessif pour désigner à la fois les comportements de jeu à risque et le trouble lié au jeu d’argent.
Un comportement de jeu excessif entraîne toujours des conséquences négatives, avec un degré de gravité variable selon la situation individuelle. Les conséquences les plus couramment rapportées par les personnes qui jouent et par leur entourage sont listées dans le tableau suivant.
Santé mentale et physique | Dépression, anxiété, stress, honte, culpabilité Insomnies Idées suicidaires avec ou sans passage à l’acte Irritabilité, fatigue |
Situation financière et judiciaire | Endettement, factures impayées Crédits multiples Restriction du budget Poursuites financières ou judiciaires Précarisation (p. ex., perte de logement) Actes illégaux |
Vie sociale, familiale, affective | Difficultés de communication Conflits relationnels, isolement social, Ruptures affectives Perte de confiance, honte d’en parler Mensonges, violence verbale et/ou physique |
Vie scolaire ou professionnelle | Manque de concentration Absentéisme, retards Licenciement |
Une minorité des personnes qui présentent un comportement de jeu excessif va recourir à des activités illégales pour continuer à financer sa pratique de jeu ou pour tenter de remédier aux difficultés financières liées à son comportement. Les délits les plus fréquents sont non violents (vols, fraudes, escroqueries diverses, etc.) et sont généralement motivés par la nécessité d’obtenir de l’argent pour jouer20. Néanmoins, d’autres raisons pourraient expliquer ce lien entre comportement de jeu et actes illégaux, telles que la prise de risque21. On notera que, souvent, au moment du vol ou de la fraude, la personne pense pouvoir rendre l’argent volé pour jouer après qu’elle aura gagné, considérant ainsi son acte davantage comme un emprunt que comme un vol.
Globalement, les personnes qui présentent un comportement de jeu excessif présentent plus souvent des troubles psychiques que la population générale. On estime qu’entre 17 et 23% des personnes qui ont un comportement de jeu excessif présentent des troubles de l’humeur (p. ex., état dépressif) ou des troubles anxieux22, prévalence plus élevée que chez les personnes ne présentant pas de difficultés avec les jeux d’argent. Il est souvent difficile de déterminer si c’est le comportement de jeu excessif qui conduit aux troubles psychiques ou l’inverse, le type d’interdépendances variant d’une personne à l’autre23. Il est cependant certain que le stress occasionné par les pertes financières et les difficultés diverses liées au comportement de jeu excessif ne favorisent pas le bien-être psychologique de la personne qui joue. La détresse et le sentiment d’impasse peuvent être parfois si importants qu’ils conduisent à des idées suicidaires.
On estime que 21% des personnes qui ont un comportement de jeu excessif présentent un trouble lié à l’usage d’alcool et 56% ont une dépendance à la nicotine22. Sept pour cents présentent un trouble lié à l’usage de substances psychoactives22. Ces prévalences sont plus élevées que chez les personnes ne présentant pas de comportements de jeu excessif.
La nature de ce lien n’est pas entièrement claire. On retrouve plus de consommations problématiques de substances chez les personnes présentant un comportement de jeu excessif, et l’on retrouve plus de problèmes de comportements de jeu excessif chez les personnes présentant une consommation problématique de substances. Une hypothèse est qu’il existerait des facteurs de vulnérabilité communs aux différents comportements problématiques, que ce soit avec ou sans substances24.
Il existe une association statistique entre jeu excessif et suicide. Une étude a estimé que la mortalité des personnes adultes présentant un trouble lié aux jeux d’argent était multipliée par deux par rapport à la population générale, et que la mortalité par suicide était multipliée par quinze25. On observe également que les personnes qui consultent pour un comportement de jeu excessif ont fréquemment des idées suicidaires et qu’un pourcentage non négligeable d’entre elles a déjà fait une ou plusieurs tentatives de suicide26.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le développement d’idées suicidaires chez les personnes ayant un comportement de jeu excessif. Premièrement, les nombreuses pertes associées (financières, relationnelles, sociales, etc.) peuvent mener à une détresse importante et à un sentiment d’impasse existentielle. Deuxièmement, le comportement de jeu excessif est fréquemment associé à des troubles psychiques et à des troubles liés à l’usage de substances, eux-mêmes identifiés comme fortement associés à des risques de suicide27. Enfin la tendance à un comportement impulsif, qui est un trait fréquemment retrouvé chez les personnes présentant un trouble lié aux jeux d’argent14, peut contribuer au risque de passage à l’acte suicidaire.
L‘offre de jeux de hasard et d’argent en ligne est en pleine expansion dans le monde, tout comme en Suisse où cette offre a triplé entre 2019 et 2021, passant de 4 à 10 casinos en ligne28. Cela s’explique par l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur les jeux d’argent (LJAr)1, qui autorise depuis 2019 les casinos suisses à proposer une offre en ligne. L’offre de jeux de hasard et d’argent en ligne ne se limite pas aux jeux de casino : les paris sportifs, jeux de loterie, tirages ou grattages, ainsi que les jeux illégaux en ligne, en font partie intégrante.
D’après une étude réalisée en Suisse, chez les personnes qui jouent, le nombre de personnes jouant en ligne une fois par semaine ou plus a lui aussi augmenté entre 2018 et 2021, passant de 25% à 30%17. Durant cette période, la démultiplication de l’offre disponible, le marketing intensif de ces pratiques ainsi que l’enchaînement de périodes de semi-confinement (covid-19) pourraient expliquer pourquoi cette pratique s’est particulièrement répandue.
En 2021, environ 6.6% des personnes ayant joué à des jeux de hasard et d’argent en ligne ont rapporté des comportements problématiques modérés à sévères en lien avec les jeux en ligne17, contre 4.4% en 2018. Les personnes qui jouent en ligne ont une fréquence de jeu plus importante que les personnes qui jouent à des jeux « terrestres » et rapportent des difficultés financières plus importantes29.
Les jeux d’argent en ligne comportent en effet des caractéristiques qui les rendent particulièrement attractifs aux yeux des utilisateur·rice·s.
Ces caractéristiques sont :
Les personnes jouant en ligne rapportent aussi des conséquences négatives plus importantes que les personnes jouant uniquement aux jeux « terrestres »31.
À titre d’exemple, les paris sportifs en ligne sont de plus en plus populaires, notamment auprès des jeunes adultes17,8. A l’instar des autres jeux de hasard et d’argent en ligne, il est désormais possible de parier n’importe quand et depuis n’importe où sur n’importe quel sport ou n’importe quelle compétition. Outre les éléments déjà mentionnés, les paris sportifs présentent des caractéristiques addictives supplémentaires, telles que l’illusion de contrôle accrue par la connaissance des équipes et des disciplines (alors que le rôle de ces facteurs est minime), les paris « en direct » et la possibilité d’effectuer des micro-paris sur des actions ponctuelles dans le match32. Par ailleurs, l’offre de paris sportifs en ligne se déploie dans le contexte d’une augmentation générale de la publicité et du marketing numérique. L’exposition des adolescent·e·s et jeunes adultes à un marketing agressif est particulièrement problématique car ce marketing contribue à la fois à la valorisation sociale et à la banalisation de ce type de jeux pouvant mener à des conséquences négatives majeures33.
Une étude menée en Suisse auprès de personnes jouant en ligne a révélé que parmi elles, deux sur trois ne pratiquent aucun jeu d’argent « terrestre ». Les personnes âgées de 18 à 39 ans sont plus nombreuses à combiner le jeu terrestre et en ligne, comparées aux personnes plus âgées qui, elles, privilégient davantage uniquement l’offre en ligne17,34.
La dangerosité des jeux de hasard et d’argent en ligne sur les populations les plus jeunes est un constat qui ressort de différentes études internationales35,36.
La frontière entre jeux vidéo et jeux d’argent s’estompe en raison de différents mécanismes plus ou moins visibles. On observe un double phénomène : les jeux vidéo empruntent des caractéristiques des jeux de hasard et d’argent (« gamblification du gaming »), et inversement (« gamification du gambling »)34.
Les incitations à dépenser de l’argent réel se multiplient, notamment dans les jeux vidéo dits « free-to-play » (littéralement « gratuit pour jouer »), abrégé « F2P ». Le mécanisme de monétisation de ces jeux a priori gratuits s’appuie d’une part sur l’aspect compétitif et propre aux modalités du jeu, et d’autre part sur des stratégies de marketing incitatrices empruntant parfois les caractéristiques des jeux de hasard et d’argent37.
Le « pay-to-win » (litt. « payer pour gagner »), abrégé « P2W », fait référence à des jeux vidéo gratuits qui proposent des achats intégrés permettant d'augmenter considérablement les probabilités de gagner par rapport aux personnes qui jouent sans faire ces achats. Cette pratique tend à dissimuler les coûts à long terme de ces microtransactions et peut engendrer des problèmes financiers réels pour les personnes qui jouent37.
Le « skin betting » (litt. « pari sur la peau ») consiste à engager des mises sous forme de skins, objets virtuels faisant partie intégrante des jeux vidéo et qui présentent des avantages cosmétiques (tenues, vêtements, etc.) ou stratégiques (armes, outils, etc.), dans le cadre de paris sur des rencontres de eSport ou des jeux de casino classiques. Ces objets virtuels ont donc une valeur monétaire qui dépend de leur rareté ou de leur popularité. Les plateformes qui permettent ce type de pratiques ne sont pas toutes légales et restent peu encadrées par la loi.
Les « loot boxes » (litt. « boîte à butin ») sont des objets disséminés dans les jeux vidéo et présentés sous la forme de boîtes virtuelles. Elles s’obtiennent simplement en jouant ou en les achetant avec de l’argent réel ou virtuel. Le contenu d’une loot box n’est pas connu à l’avance par la personne qui joue. Il peut être cosmétique ou stratégique et permet de progresser plus rapidement dans le jeu.
Cette dimension aléatoire est similaire à celle des jeux de hasard et d’argent : miser une somme sans avoir de contrôle sur le résultat38. Une étude suisse relève différents éléments problématiques des loot boxes34 :
Le caractère volatile et continu (24h sur 24h, 7 jours sur 7) du marché des cryptomonnaies peut pousser les personnes qui les manipulent (traders) à s’engager dans un comportement spéculatif similaire à celui des personnes qui jouent à des jeux de hasard et d’argent. Il existe des similitudes telles que la perte de contrôle du comportement, le besoin de se refaire et l’emprunt d’argent39. Le profil-type des traders de cryptomonnaies présente des similitudes avec celui des personnes qui jouent à des jeux d’argent en ligne puisqu’il s’agit d’hommes plutôt jeunes (env. 20-30 ans) ayant une tendance à l’impulsivité. A l’instar des paris sportifs en ligne, la présence importante des cryptomonnaies sur les réseaux sociaux pourrait expliquer pourquoi les jeunes adultes pratiquent en masse ce type d’investissement39.
Le trading excessif de cryptomonnaies est une problématique récente qui appelle à être étudiée plus en profondeur sur le plan de la recherche scientifique.
Il existe des mesures d’ordre législatif et règlementaire. Cette prévention, dite « structurelle » ou « contextuelle », fait référence aux mesures visant à agir sur l’environnement des personnes. Les mesures peuvent être d’ordre politique, législatif ou règlementaire et sont relatives aux dispositions sur la publicité, à la limite d’âge ou à la limitation de l’offre disponible (p. ex., heures d’ouvertures des lieux de jeu). La prévention structurelle comprend notamment la formation du personnel des lieux de jeux chargé de détecter et d’exclure les personnes qui jouent au-delà de leurs moyens.
La prévention dite « comportementale » regroupe des mesures éducatives centrées sur la personne. Elle vise à influencer directement les comportements individuels, les connaissances et les motivations des personnes. Elle comporte notamment des campagnes de sensibilisation universelles (qui s’adressent à la population générale) ou sélectives (qui s’adressent à des groupes particulièrement à risque), telles que des stands de prévention, des démarches de prévention par les pair·e·s, des spots audio-visuels ou encore des ateliers de sensibilisation en milieu scolaire ou professionnel.
Le concept de « jeu responsable » désigne les programmes développés par l’industrie du jeu dans le but de réduire la survenue de comportements de jeu excessifs et/ou d’en limiter les conséquences négatives. Des personnes intervenant dans le champ de la prévention ont proposé d’étendre cette notion à la désignation des politiques publiques de partenariats entre les acteurs industriels et étatiques, les lieux de soins et de recherche ainsi que les personnes qui jouent.
La principale critique faite à ce concept est qu’il n’adresse pas le conflit d’intérêt entre les objectifs économiques premiers des opérateurs de jeu et les enjeux de prévention, dès lors que certaines des mesures peuvent diminuer les revenus des jeux et/ ou les taxes qu’ils génèrent. En effet, une part significative de ces revenus (jusqu’à 50%) est issue des personnes jouant de manière excessive40,41.
Ce concept fait aussi débat au sein des milieux professionnels, en raison de l’ambiguïté de la notion de « responsabilité ». Certain·e·s mettent en avant le risque de culpabilisation des personnes touchées par des problèmes de comportements de jeu, le terme de « responsable » pouvant être interprété comme l’accentuation de la responsabilité individuelle des personnes qui jouent, et devenir de ce fait stigmatisant.
L’entourage des personnes qui présentent un comportement de jeu excessif est le plus souvent touché lui aussi par les conséquences négatives de ce comportement. Selon une estimation42, une personne présentant un tel comportement aurait autour d’elle en moyenne six personnes qui en verraient leur vie affectée. Endettement, emprunts, mensonges, absences, promesses non tenues, sautes d’humeur, activités illégales, violences, conduites suicidaires sont autant de conséquences possibles qui impactent l’entourage.
Les proches peuvent ressentir de l’inquiétude, de la méfiance, du désespoir et de la colère envers la personne qui joue. Ils peuvent aussi avoir un sentiment d’impuissance, tant il est vrai que l’entourage ne peut pas changer directement le comportement de la personne qui joue.
L’attitude la plus constructive possible pour un·e proche consiste à exprimer clairement ses inquiétudes et ses attentes à la personne qui joue, en discutant des conséquences de son comportement de jeu excessif, pour elle-même et pour les autres, sans jugement. Autant que faire se peut, la ou le proche est encouragé·e à laisser la personne faire face à ses responsabilités, tout en ayant une présence soutenante selon ses ressources personnelles.
En parallèle, il importe que les membres de l’entourage se recentrent sur eux-mêmes et essaient de rétablir l’équilibre de leur propre vie. Par exemple, il est indiqué de protéger leur argent des dépenses de la personne qui joue. Lorsque le budget familial est impacté, des mesures protectrices permettant de le sécuriser sont souvent nécessaires et aidantes. Pour certaines offres de jeu (notamment casinos terrestres ou en ligne, certains jeux de loterie et paris), il est possible pour les proches de signaler une situation problématique au service des mesures sociales de l’opérateur de jeu. Enfin, la plupart des centres de prévention et de traitement offrent des prestations dédiées aux proches.
Est listée ci-dessous une série de mesures spécifiques qui ont pu aider des personnes présentant un comportement de jeu excessif. Toutes ne sont pas réalisables et efficaces pour toutes les personnes qui jouent. Il revient à chacun·e de les tester avec prudence, voire de créer ses propres outils.
Mesures relatives aux finances
Mesures relatives au comportement de jeu
Aides externes
Des traitements existent et sont efficaces43,44. Plusieurs types d’approches thérapeutiques ont été décrites mais, hormis quelques techniques ciblées développées en thérapie cognitive, aucune ne peut à ce jour être considérée comme réellement spécifique au trouble lié aux jeux d’argent. Les approches thérapeutiques sont fréquemment combinées. Par exemple, la participation à un groupe de paroles, ou des entretiens de famille, peuvent venir compléter un autre type d’intervention. Par ailleurs, il est fréquent que les programmes de traitement pour le trouble lié aux jeux d’argent intègrent un volet socio-éducatif ou socio-thérapeutique, avec des conseils en matière de gestion financière (budget, désendettement, etc.) ou pour la mise en place d’un cadre d’activités de réinsertion socioprofessionnelle.
Les modèles de traitement les plus courants sont décrits ci-après.
L’approche cognitivo-comportementale part du principe qu’un des éléments majeurs de développement et de maintien du comportement de jeu excessif réside dans les croyances relatives à l’espoir de gain. D’une part, la personne a tendance à surestimer les probabilités de gains et, d’autre part, elle pense pouvoir influencer favorablement le jeu par ses compétences ou son expérience. En considérant que les croyances, comportements et émotions des personnes sont intimement liés et s’influencent réciproquement, la thérapie consiste alors à remettre en question ces croyances incorrectes, avec pour objectif une modification du comportement de jeu. Ce type de traitement consiste également à repérer les situations associées à l’envie de jouer ainsi qu’à identifier et entraîner des stratégies qui permettent de gérer les « situations à risque ». Les traitements utilisant l’approche cognitivo-comportementale peuvent être suivis de manière individuelle ou en groupe.
Les entretiens motivationnels sont couramment utilisés dans le domaine des troubles addictifs et cette approche est également pertinente dans le contexte d’un trouble lié aux jeux d’argent. Le principe est de soutenir la motivation au changement, dans un esprit non jugeant et collaboratif. Une attention particulière est portée à l’exploration du sentiment d’ambivalence vécu envers le comportement de jeu. L’approche utilise des techniques d’entretien spécifiques et accorde une place spéciale à la relation thérapeute – personne en traitement.
L’approche d’inspiration psychanalytique ou psychodynamiquepropose un travail dont le but est d’aider les personnes présentant un comportement de jeu excessif à accroître leur compréhension de leurs besoins émotionnels inconscients, en rapport avec leur comportement de jeu. Selon la perspective psychanalytique, la personne qui joue peut, par exemple, présenter un désir inconscient de perdre, qui créerait en elle un sentiment de culpabilité, notamment envers des figures d’autorité comme les parents. Cette approche recouvre plusieurs variantes, avec pour point commun une démarche centrée sur l’analyse des mouvements émotionnels survenant dans le cadre de la relation thérapeutique, appelés transfert et contre- transfert. Cette approche suppose un cadre d’intervention régulier et une durée d’intervention de moyen à long terme (mois-années). Toutefois, ce traitement offre aussi des stratégies et techniques qui peuvent s’intégrer à des interventions brèves et se surajouter à d’autres approches spécifiques.
Les programmes en 12 étapes s’inspirent du mouvement des Alcooliques anonymes (AA) et se basent sur le même principe des 12 étapes, amenant les personnes qui jouent à réfléchir à leurs problèmes et à modifier leurs comportements, leurs croyances relatives au jeu et à considérer la signification attribuée à l’existence. Ces programmes proposent des rencontres fixes et hebdomadaires, pendant lesquelles les personnes qui jouent peuvent discuter de leurs problèmes réciproques, s’entraider, s’identifier à d’autres personnes qui jouent et remédier à un sentiment d’isolement. Selon ce type d’approche, le jeu est considéré comme une maladie et seule l’abstinence totale peut conduire au rétablissement.
A l’heure actuelle, aucun traitement pharmacologique pour le trouble lié aux jeux d’argent n’est homologué par les autorités impliquées dans l’agrément des médicaments. Des études ont cependant évalué l’effet de certaines molécules utilisées classiquement dans le traitement des troubles addictifs. Dans le contexte des troubles liés à l’usage de substances, les pharmacothérapies visent à soulager les effets de sevrage, réguler les effets des substances d’usage non-médical, bloquer les effets de renforcement ou soulager les troubles associés. Les traitements pour le trouble lié aux jeux d’argent évalués visaient à bloquer les effets des renforcements ou soulager les autres troubles associés.
Dans ce contexte, les études portent essentiellement sur trois types de traitements pharmacologiques45,46 : les antidépresseurs, les stabilisateurs de l’humeur et les antagonistes opioïdes. Cependant, les différentes interventions pharmacologiques présentent des résultats mixtes sur la réduction des symptômes du trouble lié au jeu d’argent, qui doivent être mis en balance avec les effets secondaires. Plus de recherches sont nécessaires pour conclure quant à leur indication.
Plusieurs études ont montré que l’implication de la famille et des proches dans le traitement augmente son efficacité47. En effet, les proches ressentent fréquemment de la détresse émotionnelle. La confiance et la communication sont souvent altérées dans la relation avec la personne qui joue. Mais les proches représentent également un facteur central de motivation et de mobilisation. Les interventions impliquant les proches peuvent permettre une meilleure compréhension des mécanismes émotionnels, de l’addiction et un travail sur la communication, pour eux-mêmes comme pour la personne qui joue47.
Les problèmes financiers, parmi lesquels l’endettement, sont souvent au centre des préoccupations des personnes qui jouent de manière excessive. Ces préoccupations peuvent fréquemment déclencher de nouveaux épisodes de jeu. En effet, se sentant dans l’impasse financièrement, la personne qui joue peut considérer le jeu comme l’unique espoir de « se refaire », la conséquence étant généralement une aggravation de sa situation financière.
La première étape pour désamorcer ce cercle vicieux, consiste à dresser un inventaire des dettes. Cette étape est le plus souvent très difficile émotionnellement, car elle confronte la personne qui joue à la réalité de sa situation financière et des pertes qui ont eu lieu. Mais cette étape est nécessaire pour pouvoir planifier un assainissement qui soit réaliste et tenable dans la durée. La personne concernée peut faire cette démarche seule ou avec l’aide de son entourage ou encore avec celle de professionnel·le·s, par exemple dans un service social spécialisé dans l’accompagnement du désendettement.
Dans le trouble lié aux jeux d’argent, comme dans la plupart des troubles addictifs, les rechutes font partie intégrante du processus de changement. On peut les définir comme la reprise d’un comportement de jeu non contrôlé. Elles sont d’intensité et de durée très variables. Si l’on n’y est pas préparé, elles peuvent être interprétées comme un recul voire un échec ou, à l’inverse, elles peuvent être banalisées. Or ces deux attitudes (dramatisation/banalisation) ne favorisent pas la reprise de contrôle du comportement de jeu. En effet, la personne qui banalise peut passer à côté d’un signal indiquant une perte de contrôle, laquelle risque de s’aggraver. Inversement, la personne qui dramatise peut interpréter la rechute comme une incapacité à changer durablement et sera tentée de renoncer à ses efforts de changement. Il est plus constructif de considérer la rechute comme une occasion d’analyser les nouveaux éléments permettant de consolider le processus de changement.