L’aorte est la plus grosse artère du corps. Elle part du cœur et descend au travers du thorax jusqu’à l’abdomen où elle irrigue les organes digestifs et urinaires. Finalement, elle se sépare en deux pour former les artères iliaques qui irriguent les jambes. Elle est divisée en deux segments, l’aorte thoracique et l’aorte abdominale.
Avec le temps, sa paroi peut se fragiliser et se dilater. L’aorte devient alors anévrismale. A partir d’un certain diamètre, sa paroi devient tellement fine qu’elle risque de se rompre sous l’effet de la pression artérielle.
La plupart des anévrismes de l’aorte abdominale ne présentent pas de symptômes jusqu’au moment de la rupture. Ils sont principalement diagnostiqués de manière fortuite lors d’examens médicaux réalisés pour d’autres pathologies. Parfois, une masse pulsatile (qui présente des pulsations) peut être palpée au niveau de l’abdomen si l’anévrisme est très volumineux ou le patient très maigre.
Le symptôme le plus courant est la douleur abdominale ou dorsale. Elle témoigne de la rupture ou de la fissuration de l’anévrisme. Le patient doit être opéré en extrême urgence afin de stopper ou prévenir l’hémorragie. L’anévrisme peut aussi parfois libérer des débris de caillots qui vont alors occlure les artères au niveau des jambes. Plus rarement, il peut comprimer les structures adjacentes telles que l’intestin, les voies urinaires ou les veines iliaques.
En collaboration avec les services d'angiologie et de radiologie, le premier examen à effectuer pour diagnostiquer un anévrisme de l’aorte abdominale est un ultrason de l’abdomen (examen écho-Doppler). Si l’anévrisme est confirmé et une intervention envisagée, un scanner abdominal est effectué pour voir plus précisément l’anatomie de l’anévrisme.
De plus, un bilan préopératoire est réalisé pour évaluer la fonction cardiaque, la fonction pulmonaire et rechercher d’éventuels anévrismes associés, particulièrement au niveau des artères fémorales (artères au niveau des jambes) et poplitées (artères au niveau des genoux); ceux-ci étant présents dans 25% des cas.
Un ultrason abdominal de dépistage est recommandé chez tous les hommes fumeurs de plus de 65 ans ayant un parent de premier degré connu pour un anévrisme de l’aorte abdominale.
Tous les anévrismes symptomatiques doivent être opérés.
Les anévrismes asymptomatiques présentant un diamètre de plus de 50mm chez la femme, 55mm chez l’homme ou une croissance du diamètre de plus de 1cm par année doivent être opérés. Les études ont montré qu’à partir de ces diamètres, les risques d’une intervention étaient moins grands que les risques d’un traitement conservateur.
Lorsque le diamètre de l’anévrisme ne justifie pas une intervention, celui-ci est suivi par des ultrasons ou des scanners répétés pour s’assurer qu’il n’augmente pas de taille. Ces examens sont effectués par des angiologues ou des radiologues.
Deux techniques sont disponibles:
Cette technique consiste à ouvrir le ventre du patient pour aborder directement l’aorte anévrismale et à la remplacer par un tube synthétique appelé prothèse. Elle présente l’avantage d’avoir d’excellents résultats sur le long terme, particulièrement en termes de perméabilité et ne nécessite donc pas de suivi particulier après l’intervention.
D’un autre côté, du fait de l’ouverture de l’abdomen et du clampage de l’aorte (soit la pose d’une pince chirurgicale pour interrompre temporairement la circulation du sang), elle présente un risque de complication sur le court terme plus important et nécessite une convalescence plus longue. Elle est donc plutôt réservée aux patients jeunes et en bonne santé.
Cette technique consiste à introduire une prothèse (une endoprothèse) dans l’aorte anévrismale en passant par l’intérieur des artères fémorales. L’abdomen n’a pas besoin d’être ouvert et l’aorte n’a pas besoin d’être clampée. Seules deux ponctions ou petites incisions sont nécessaires au niveau des plis de l’aine.
Cette technique a l’avantage d’être peu invasive et de présenter un risque de mortalité et de complication moins important que la chirurgie sur le court terme.
Elle a par contre le désavantage de présenter de moins bons résultats sur le long terme et nécessite donc un suivi annuel à vie, grâce à des ultrasons ou des scanners. Elle est donc réservée plutôt aux patients âgés ou trop fragiles pour supporter la technique ouverte.