Gisèle Ceppi, championne transplantée

 

À 73 ans, Gisèle Ceppi a remporté cinq médailles aux Jeux mondiaux des transplantés. L’occasion pour elle de défendre le don d’organes.

«J’ai reçu un don d’une personne qui voulait continuer de vivre. Il est logique que je donne de ma personne à mon tour, sous toutes les formes possible.» A 73 ans, la Boudrysanne Gisèle Ceppi revient tout juste des Jeux mondiaux des transplantés, qui se sont déroulés du 17 au 23 août à Newcastle, en Angleterre.

Il y a vingt ans, cette infatigable grand-maman a reçu une transplantation à la suite d’une maladie rénale. Elle est alors gérante de la succursale d’une grande marque de prêt-à-porter, à Marin. Sportive «depuis toujours», elle n’a jamais laissé tomber les efforts physiques. Adepte de vélo et de course à pied, elle a participé à une douzaine de ces jeux. Son butin? 27 médailles en or, 16 en argent et une en bronze.

«J’ai un mental très dur. Il m’a permis de gagner face à trois rejets de greffe et à toutes les maladies que j’ai chopées à la suite de mon opération, dont le cancer. Je devais y arriver pour mon donneur. C’est pareil lors de ces championnats.»

 

La plus âgée de l’équipe

Pourtant, Gisèle Ceppi assure ne pas vouloir récolter des médailles à tout prix: «Avant, j’étais très gagneuse. Aujourd’hui, je veux simplement participer et arriver entière», glisse-t-elle dans un grand sourire. Ce qui ne l’empêche pas de se réjouir d’avoir réalisé de meilleurs temps que des sportifs plus jeunes qu’elle, sans entraînement préalable.

Cette maman de deux filles a même participé à une course de 800 mètres, qui n’est pas sa discipline de prédilection: «En étant la plus âgée, je recevais de toute façon une médaille. Je me suis dit que ça en ferait une de plus pour l’équipe de Suisse, car nous n’étions que 18 contre de grandes nations. Quand je suis passée sur le central de l’anneau d’athlétisme, j’entendais les gens crier mon nom et j’étais morte de rire. C’était un pur bonheur.»

 

Une belle équipe

L’équipe helvétique a ramené 21 médailles, dont 5 gagnées par Gisèle Ceppi. «Nous avions trois enfants avec nous, dont une petite de 8 ans. J’étais la doyenne. Nous avons eu de beaux échanges. L’esprit d’équipe était sain, avec beaucoup d’entraide.»

La suite? «Je ne sais pas. Je me disais que ce seraient mes derniers jeux, mais comme ils étaient très bien organisés, j’hésite. Tous les bénévoles ont été d’une magnifique gentillesse. Et nos nouveaux membres ont donné un nouveau souffle à l’équipe.» Parions que Gisèle Ceppi n’a pas fini de faire parler d’elle.

 

 

Un engagement sans failles

Pour fêter ses vingt ans de greffe de rein, cette année, Gisèle Ceppi a participé au BCN tour avec son staff médical du CHUV et ses deux filles. Un moyen de valoriser la «complicité» entre elle et ses médecins. La Boudrysanne en profite pour relever un point qui lui tient à cœur: «La Suisse manque de donneurs d’organes. Si je devais être retransplantée, il me faudrait quatre à cinq ans pour obtenir un rein. J’ai une bonne hygiène de vie car je dois faire en sorte que cet organe tienne encore un bon moment.»

Si elle s’implique pour le don d’organes à travers la visibilité qu’offre ce genre de manifestations, Gisèle Ceppi va plus loin: «Je suis allée chercher des signatures pour une initiative populaire de la Jeune chambre internationale de la Riviera. Nous voulons que toute personne décédée soit naturellement donneuse, comme dans la plupart de nos pays voisins.»

Elle est catégorique: «Je veux bien que l’on soit contre le don d’organes. Mais si on refuse de les offrir, il faut également être contre le fait d’en recevoir en cas de besoin». Malgré certaines réticences qu’elle a pu entendre, la Boudrysanne est confiante: «J’ai l’impression que cette initiative va passer.»

 

Par Vicky Huguelet

Source: Arcinfo.ch

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 Dernière mise à jour le 17/02/2020 à 10:08