Dix ans après avoir reçu au CHUV une double greffe des poumons, Stéphane Cornali revient avec son épouse, Florence, sur la journée de l’intervention, leur nouvelle vie et le sentiment de gratitude qui les animent au quotidien.
Ce 7 octobre 2017 est une journée un peu spéciale pour moi, car cela fait dix ans, jour pour jour, que j’ai eu la chance inestimable de recevoir une greffe des deux poumons. Sans ces organes, je ne serais certainement pas derrière mon clavier à écrire ces quelques mots.
Je dois cette nouvelle vie à mon donneur, une personne inconnue pour moi (et pourtant si proche), qui a décidé de sauver des vies en faisant don de ses organes. Je lui dois ces dix années et celles qui vont suivre.
Quel bel acte de générosité, quelle humilité! Pas de gloire, pas de projecteurs, pas d’articles dans la presse, pas de célébrité, rien… Rien que la conscience de se dire que, même une fois parti de ce monde, je peux encore aider plusieurs personnes à vivre… Rien que ça!
MERCI: je ne peux lui dire que cela aujourd’hui et avoir une reconnaissance sans limite envers lui.
Je tiens également à remercier du fond du cœur ma famille, mon épouse et mes enfants, mes parents, tous ceux qui m’ont soutenu dans cette renaissance, ainsi que le personnel médical, sans lequel rien ne serait possible. Tout n’est pas aussi facile qu’on veut bien le penser: un homme n’est pas une voiture pour laquelle il suffit de soulever le capot et de changer une pièce pour que tout aille mieux. Ce parcours et un «combat» de tous les instants, simplement pour respirer et vivre.
Pour terminer, je veux juste faire passer le message suivant: même une fois le monde des vivants quitté, vous pouvez encore aider des gens à vivre. Il n’y a pas à hésiter: il faut donner!
Une nuit d’octobre, un téléphone qui sonne, nos enfants en pyjama dans le couloir. C’est le moment: le CHUV nous attend pour une opération lourde. On attend, on rit, on pleure, on doute, on a peur, mais ce jour-là tu es né une seconde fois.
Pas de plaintes, jamais, une volonté et un courage sans faille. Tu ne te morfonds pas. Au contraire, tu souris à la vie.
Dix ans plus tard, je pense fort à ton donneur et à sa famille, je pense à nos «enfants», adultes désormais. Je pense à tous les membres de notre famille qui ont su être là, je pense aux amis indéfectibles, mais surtout je pense à toi.
"Donne ton coeur", reportage de l'émission Mise au point, RTS
22 octobre 2017