Publié par Bovet Remund Virginie le 12.07.2021
Le groupe de recherche du Prof. Chin B. Eap du Département de psychiatrie (CHUV-UNIL) a publié le 26 juin 2021 un article dans la revue scientifique internationale Translational Psychiatry. Cette étude a été effectuée chez des patients suivis en psychiatrie recevant des traitements pouvant induire des effets secondaires métaboliques, tels que prise de poids, diabète, hypertension ou taux de cholestérol très élevé. Elle montre, notamment, que les patients ayant un statut socio-économique faible ont un risque accru de développer ces effets secondaires au cours d’une année de traitement, par rapport aux patients avec un statut socio-économique élevé. Ainsi, ce travail montre que les inégalités socio-économiques sont partiellement responsables des différences de susceptibilité à l’apparition d’effets secondaires métaboliques. Une attention à ce facteur devrait être accordée lors de la prescription de psychotropes.
Mme Céline Dubath est pharmacienne et effectue une thèse dans l'Unité de pharmacogénétique et psychopharmacologie clinique du Centre de neurosciences psychiatriques (CNP) du Département de psychiatrie (DP) du CHUV. Elle collabore depuis plusieurs années avec plusieurs services de ce département (Prof. Philippe Conus, Service de psychiatrie générale, Prof. Armin von Gunten, Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé, et Prof. Kerstin von Plessen, Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et adolescent) ainsi qu’avec d’autres centres externes. Elle s’intéresse aux effets indésirables induits par des médicaments couramment utilisés en psychiatrie. En particulier au fort risque de surpoids/obésité et à d’autres signes d’un syndrome métabolique, qui associe typiquement un diabète, une hypertension et une dyslipidémie, observés chez les patients souffrant d’une maladie psychiatrique. Cette augmentation du risque de syndrome métabolique est, d’une part liée aux maladies psychiatriques elles-mêmes et à des facteurs environnementaux (alimentation, manque d’activité physique), d’autre part peut être favorisée par le traitement pharmacologique.
L’environnement dans lequel vit la personne influence sa santé
L’environnement dans lequel une personne évolue a une influence notable sur les événements auxquels elle est susceptible d’être confrontée et a des effets durables sur sa santé tout au long de sa vie. Des facteurs socio-économiques, tels que le niveau d’éducation ou le salaire, ont déjà été associés au risque de souffrir de maladies mentales ou à la sévérité de ces troubles. Dans la population générale, le risque d’obésité semble également lié à ces facteurs. Ces disparités s’expliquent en partie par le mode de vie, mais également par le fait que les personnes ayant un faible statut socio-économique pourraient moins facilement reconnaître les symptômes d’une maladie et être moins susceptibles de s’engager dans les soins. Ils ont par ailleurs moins de ressources financières à consacrer à leur santé.
Une étude publiée dans la revue scientifique Translational Psychiatry
L’étude, publiée le 26 juin 2021 dans la revue Translational Psychiatry, montre que le statut socio-économique des patients influence leur prise de poids suite à l’introduction d’un traitement psychotrope connu pour cet effet secondaire. Il est important de souligner que cette association était presque deux fois plus élevée chez les patients prenant les traitements conférant le plus grand risque de prise de poids (olanzapine, clozapine, valproate). Après une période d’un an de traitement, il a aussi été observé que les patients ayant un statut socio-économique faible étaient trois fois plus à risque de développer un syndrome métabolique que les patients avec un statut élevé. Par ailleurs, ce même groupe de recherche a mis en évidence un lien de cause à effet entre le niveau d’éducation et l’indice de masse corporelle dans une cohorte indépendante de personnes prenant des psychotropes en Angleterre.
En pratique, ces données doivent aussi rendre attentif le prescripteur quant à l’impact du statut socio-économique de ses patients sur l’apparition d’effets secondaires métaboliques. Ce statut ainsi que d’autres facteurs de risque pourraient être utilisés à l’initiation du traitement pour améliorer la prise en charge des patients les plus vulnérables.
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