Un traitement de la psychose basé sur des bio-marqueurs

Actualité du 02.11.2017

Deux services du Département de psychiatrie, en partenariat avec la Harvard Medical School, ont tenté un traitement innovant chez des patients ayant récemment développé une psychose. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Schizophrenia Bulletin.

L’Unité de Recherche sur la schizophrénie du Centre de neurosciences psychiatriques (Prof. Kim Do Cuénod) et le Service de psychiatrie générale (Prof. Philippe Conus) du CHUV, en partenariat avec la Harvard Medical School de Boston (Prof. Larry Seidman), ont conduit un essai clinique avec  la N-acétyle-cystéine (NAC) chez des patients ayant récemment développé une psychose.

La NAC, substance anti-oxydante sans effet secondaire utilisée en clinique pour diverses indications, est également un précurseur du glutathion, un des plus importants anti-oxydants cérébraux, dont le métabolisme est perturbé chez les patients. Une étude, conduite il y a quelques années par le même groupe chez des patients souffrant de schizophrénie chronique, avait démontré que l’adjonction de NAC au traitement neuroleptique habituel avait un effet bénéfique sur certains symptômes de la maladie (déficits de la communication, de l’expression des émotions et de la socialisation)1et qu’il améliorait le traitement des signaux auditifs ainsi que la synchronisation neuronale, évaluées par le biais de l’électro-encéphalogramme2.

Fort de ce constat, ce groupe a débuté en 2009 l’étude de l’impact de l’adjonction de NAC chez des patients traversant les stades plus précoces de la maladie. Dans cet essai clinique, des jeunes patients ayant récemment développé une psychose, ont reçu, en adjonction au traitement neuroleptique standard, soit la NAC soit un placebo, pour une durée de 6 mois. Les résultats de cette étude, publiés dans le numéro d’octobre de la revue Schizophrenia Bulletin, démontrent que :

  • L’administration de NAC par voie orale entraîne une augmentation du glutathion cérébral, molécule qui protège les cellules cérébrales de l’oxydation ;
  • L’administration de NAC améliore les fonctions cognitives, en particulier la vitesse de traitement de l'information. Ce résultat est particulièrement prometteur si l’on considère que les troubles cognitifs sont fréquents chez ces patients, qu’ils sont un des principaux déterminants de l’intégration sociale et qu’il n’existe à ce jour aucun médicament efficace dans ce domaine.
  • Enfin, l’évaluation dans le sang de l’état d’oxydation cellulaire, permet d’identifier un sous-groupe de patients en « état d’oxydation élevé » chez lesquels l’adjonction de NAC permet une amélioration significative de symptômes tels que les hallucinations, les idées délirantes ou la désorganisation de la pensée. De plus, la diminution des symptômes semble être d’autant plus marquée que l’état d’oxydation se normalise dans le sang.

Ces résultats, qui doivent être confirmés à plus grande échelle, ouvrent la piste d’un traitement innovant, basé sur la neuro-protection et guidé par la mesure sanguine de marqueurs biologiques de la psychose ; il s’agit en effet d’un premier pas vers un traitement personnalisé, dont l'indication peut être définie sur la base d'un marqueur biologique, et dont l’efficacité peut également être mesurée biologiquement, ce qui est une première dans le domaine de la psychiatrie.

Réf. : 1. Berk et al., 2008 ; 2. Lavoie et al., 2007

 

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