A la rencontre d'Etienne Meylan, biologiste, chirurgie thoracique

Publié par Gertsch Sophie le 20.06.2025
À la rencontre d’Etienne Meylan – biologiste passionné par la recherche sur le cancer du poumon et les ponts entre laboratoire et clinique. Il a rejoint il y a peu le Service de chirurgie thoracique.

Bienvenue Etienne ! Vous rejoignez le Service de chirurgie thoracique avec une expertise en biologie fondamentale. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je suis biologiste de formation, diplômé de l’UNIL où j’ai également réalisé mon doctorat, avant de partir au MIT (Cambridge, USA) pour un post-doctorat dans le domaine de la biologie du cancer. À mon retour, j’ai établi mon laboratoire de recherches à l’ISREC, EPFL, où j’ai travaillé plus de dix ans, avant de diriger mon équipe en Belgique, à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Aujourd’hui, je suis heureux de revenir à Lausanne dans une région que je connais bien, comme Professeur Associé UNIL/CHUV, pour rejoindre le Service de chirurgie thoracique.

Qu’est-ce qui vous passionne dans la recherche sur le cancer du poumon ?

 Le cancer du poumon est devenu le cancer le plus meurtrier au monde, responsable de 1,8 million de décès par an. La recherche sur cette maladie dévastatrice avance rapidement. Ce qui me passionne, c’est la complexité de la maladie. Diagnostiquée plusieurs années après le début de son développement, elle a évolué vers un stade avancé ; elle est difficile à comprendre, difficile à traiter. Elle représente donc un formidable challenge que le chercheur essaie de décortiquer afin de trouver de possibles vulnérabilités. C’est la quête des talons d’Achilles de la tumeur, dans l’espoir d’augmenter nos connaissances et d’améliorer les thérapies existantes.

Je travaille notamment sur les cancers du poumon non à petites cellules et les mésothéliomes de la plèvre, en étudiant les interactions fascinantes entre la tumeur, le système immunitaire inné et le métabolisme tumoral. Depuis plusieurs années, je m’intéresse de près aux neutrophiles, ces globules blancs qui, dans certaines tumeurs, peuvent être « corrompus » et ainsi favoriser la progression de la maladie. Comprendre les mécanismes impliqués, c’est une clé potentielle pour de nouvelles approches thérapeutiques.

Pourquoi ce rapprochement avec un Service clinique comme la chirurgie thoracique ?

C’est une convergence naturelle. Depuis plusieurs années, j’ai collaboré sur différents projets avec le Pr Jean Yannis Perentes, du Service de chirurgie thoracique dirigé par le Pr Thorsten Krueger. Avec Yannis, nous avons toujours partagé cette volonté de faire tomber les barrières entre la recherche fondamentale et la clinique. Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape en regroupant nos forces et nos équipes, pour créer une véritable synergie au service d’une recherche translationnelle sur les cancers thoraciques.

Ce qui m’anime, c’est cette idée que nos découvertes en laboratoire puissent déboucher sur des solutions concrètes pour les patients. Trop souvent, les découvertes fondamentales ne vont pas jusqu’au lit du malade. Ici et ensemble, nous avons une opportunité unique d’ancrer notre recherche dans la réalité clinique, et de parcourir le chemin dans les deux sens : de la clinique vers le labo, et du labo vers la clinique.

À quoi ressemble votre quotidien de chercheur ?

Comme Professeur d’Université, j’ai la chance de pouvoir exercer deux passions, pour la recherche et pour l’enseignement. Chaque matin je me réjouis de la possibilité de faire une nouvelle découverte. Chaque jour est fait de multiples discussions scientifiques, avec les membres de mon équipe ou d’autres collaborateurs, locaux ou lointains.

La recherche est une aventure collective, jamais solitaire. Comme responsable de laboratoire, une grande partie de mon temps est consacrée à l’élaboration de nouveaux projets, et à leur écriture afin de rechercher de nouveaux financements, grâce auxquels nos idées peuvent être testées expérimentalement.

Une autre partie de mon activité est dédiée au soutien, écoute, échanges d’idées et analyses de résultats avec les membres du laboratoire. Finalement, je passe du temps pour l’enseignement, dont l’élaboration de nouveaux cours, leur préparation et la préparation des examens. Au MIT, à l’EPFL et à l’ULB j’ai enseigné à des étudiants à différents moments de leur parcours universitaire, et je me réjouis de contribuer aussi ici, à Lausanne, à l’éducation académique des futurs chercheurs ou cliniciens. Le partage et la transmission des connaissances sont particulièrement importants à mes yeux.

Et côté personnel ?

J’ai 46 ans, je suis marié et père de trois grands enfants de 19, 17 et 14 ans. J’ai une famille exceptionnelle que j’aime si fort, et nous sommes tous heureux de revenir vivre dans notre pays.

J’ai eu la chance de croiser des mentors incroyables dans ma vie, comme Jürg Tschopp durant mon doctorat, et Tyler Jacks au MIT. Leur passion, leur rigueur et excellence scientifique et leur humanité m’ont profondément inspiré.

Un souhait pour la suite ?

Que cette nouvelle aventure soit riche de collaborations, de découvertes et de bienveillance. Que nous arrivions, ensemble, à faire progresser la recherche, non seulement pour le gain de connaissance mais également pour le bénéfice des patientes et des patients. Et que Lausanne continue à être une terre fertile pour une recherche extraordinaire sur le cancer.

 

 Dernière mise à jour le 17/07/2025 à 12:10