L’évolution du cancer, mise en évidence par l’activité des protéines
Les protéines sont des molécules essentielles à notre organisme qui assurent diverses fonctions, notamment en accélérant les réactions chimiques. Pour mieux comprendre certaines maladies comme le cancer, il est crucial de savoir combien de protéines présentent une activité dans les tissus concernés. Or, les méthodes traditionnelles, bien qu’utiles pour mesurer la quantité globale de ces molécules, ne permettent pas toujours de déterminer si elles sont effectivement actives.
Dans une étude publiée récemment dans Nature Communications , une équipe de scientifiques de l'Université de Lausanne (UNIL), de l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et de l'Hôpital universitaire de Zurich a développé une nouvelle méthode pour relever ce défi: le dd-ABPP (Depletion-dependent Activity-Based Protein Profiling). Cette approche combine des outils chimiques avec une technologie de pointe appelée spectrométrie de masse.
«Notre méthode va bien plus loin que les précédentes: elle révèle non seulement quelles protéines sont présentes dans un échantillon biologique, mais aussi lesquelles sont actives et comment elles interagissent avec leur environnement», explique Tatjana Sajic, chercheuse au Centre universitaire romand de médecine légale (CURML ) de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, ainsi qu'ancienne membre du laboratoire de Ruedi Aebersold à l'Institute of Molecular Systems Biology de l’EPFZ, où l'étude a débuté.
Une technologie prometteuse pour améliorer le diagnostic du cancer
Grâce à cette méthode, les chercheur·euses ont pu étudier un type spécifique de protéines appelées hydrolases à sérine, qui jouent un rôle clé dans le métabolisme des graisses et dans le développement du cancer. En analysant des tissus de biopsies de patient·es atteint·es d'un cancer du poumon avancé, les scientifiques ont mis en évidence des changements spécifiques dans l'activité de ces protéines au cours de la progression de la maladie, des découvertes qui pourraient améliorer notre compréhension de son évolution.
Pour Stephan Arni et Sven Hillinger de la clinique de chirurgie thoracique à l'Hôpital universitaire de Zurich, «cette méthode, qui permet d’identifier des protéines potentiellement dérégulées dans les cellules cancéreuses par rapport aux cellules normales, pourrait aussi révéler de nouvelles cibles thérapeutiques pour de traitements anticancéreux personnalisés.»
«Cette avancée scientifique pourrait être appliquée à d'autres familles de protéines et ainsi offrir aux médecins un outil supplémentaire pour améliorer le diagnostic et le traitement de maladies telles que le cancer», se réjouit Matej Vizovisek de l’EPFZ, coauteur de l’étude.
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