Médecine de réhabilitation

Du sur-mesure pour les patients

La médecine de réhabilitation vise à rendre son autonomie à un patient atteint d’une lésion du système nerveux. Un défi qui implique une prise en charge complexe, menée par une équipe de nombreux professionnels.

Notre système nerveux est une structure au fonctionnement complexe et délicat, et le moindre dégât peut entraîner des conséquences significatives et de nature très diverses: des troubles de la motricité, de la sensibilité, des sens comme la vision ou l’audition, mais aussi des fonctions cognitives telles que la mémoire, le langage, le raisonnement et le comportement.

Pour limiter ces conséquences néfastes, il faut donc agir vite. C’est pourquoi, dès qu’un patient est admis à l’hôpital à la suite d’un traumatisme crânien, d’un accident vasculaire cérébral ou autre, il est rapidement pris en charge par les professionnels de la médecine de réhabilitation.

Dès l’admission aux Soins intensifs, ils veillent à le mobiliser pour prévenir des enraidissements des articulations et des raccourcissements musculaires qui pourraient figer ses bras ou ses jambes dans des positions vicieuses. Ils poursuivent ensuite le travail pour rendre au patient sa capacité d’agir en rééduquant les fonctions motrices, sensitives, sensorielles et cognitives. «Nos spécialistes prennent ainsi en compte l’ensemble des troubles que le patient présente afin qu’il récupère toutes ses facultés, explique le Dr Rolf Frischknecht, spécialiste en Médecine physique et de réhabilitation. Car, contrairement à la médecine curative qui vise la guérison des organes touchés par une maladie ou un accident, la médecine de réhabilitation est ciblée sur la récupération du fonctionnement de l’être humain dans sa globalité. Elle cherche à redonner au patient sa capacité d’agir de manière autonome dans son environnement.»

Développer ensemble des traitements inédits

Pour répondre à cette complexité, de nombreux professionnels entourent le patient: médecins de réhabilitation, neuropsychologues, infirmiers, ergothérapeutes, physiothérapeutes, logopédistes, travailleurs sociaux, etc.

Et comme dans de nombreux domaines, en politique ou dans les sciences, la mise en commun du savoir-faire entre professionnels (interprofessionnalité) est souvent nécessaire pour favoriser l’émergence d’approches novatrices qui répondent aux besoins précis du patient. «Prenons l’exemple d’un patient hémiplégique (paralysé de la moitié du corps), poursuit le Dr Frischknecht. Il peut souffrir de spasticité. Il s’agit de contractions inappropriées des muscles qui provoquent des raideurs des membres et peuvent conduire à d’importantes déformations articulaires. En tant que médecin, je peux prescrire des médicaments anti-spastiques, mais pas trop sous peine de voir paradoxalement augmenter ces contractions par un affaiblissement du tonus musculaire du tronc. Je ne vais pas pouvoir m’occuper seul de son traitement. Par ses observations, le physiothérapeute m’aidera à doser le traitement médicamenteux. Son analyse pointue de la répartition du tonus musculaire le long des axes du corps et des membres, combiné au savoir du technicien orthopédiste, permet de mettre en place des attelles antispastiques. Ensemble, nous allons ainsi arriver à maîtriser la spasticité avec un minimum de médicaments et un maximum de gains fonctionnels.» 

L’équipe de réhabilitation revoit régulièrement les objectifs de chaque patient et les adapte aux progrès obtenus. Certains patients nécessitent des approches très créatives: «Un patient souffrant de troubles du langage était suivi par une de nos logopédistes, continue le Dr Frischknecht. Mais elle avait de la peine à le faire progresser car il n’était pas très réveillé. Le physiothérapeute avait toutefois remarqué que son état d’éveil s’améliorait considérablement lorsqu’il était physiquement actif. Les deux thérapeutes ont alors décidé de traiter le patient ensemble en faisant alterner des bouts de physiothérapie et de logopédie au cours de la même séance. Dès ce moment, le patient a fait des progrès remarquables!»

Grâce à ce travail en équipe, la réhabilitation du patient progresse plus rapidement. Dès qu’il le peut, celui-ci retourne les week-ends à la maison pour des périodes de plus en plus longues. «Nous visons non seulement à améliorer sa motivation, mais aussi de le tester pour cibler le programme de réhabilitation sur ses réels besoins, conclut le Dr Frischknecht. En même temps, nous pouvons lui proposer tous les aménagements dont il a besoin à son domicile, par exemple, la pose d’une main-courante dans la cage d’escalier ou d’une barre dans la salle de bains. Le patient peut ainsi non seulement renouer avec ses anciennes habitudes de vie, mais également s’entraîner à répondre aux obligations de la vie courante».

De quoi reconstruire sa vie «d’avant», avec le maximum d’autonomie possible.

 Dernière mise à jour le 18/02/2020 à 10:09