Le CHUV inaugure son Centre du cancer de la vessie
Il vise à améliorer la qualité et la sécurité des soins en offrant aux patient‑e‑s une prise en charge de pointe alliant chirurgie spécialisée, thérapies systémiques innovantes et programme de rééducation.
Chaque année en Suisse, le cancer de la vessie touche environ 1’300 personnes. Cette tumeur complexe se distingue par un taux de récidive élevé et la nécessité d’une surveillance régulière. Environ 70% des patient-e-s sont atteint-e-s de tumeurs superficielles, le plus souvent accessibles via un traitement local. Toutefois, dans près d’un tiers des cas, la maladie infiltre le muscle de la paroi vésicale. Ces formes dites invasives sont plus graves et présentent un pronostic plus réservé. Leur prise en charge repose généralement sur une approche multimodale associant, selon les cas, une ablation complète de la vessie (cystectomie), des traitements systémiques comme la chimiothérapie ou l’immunothérapie, et, dans certaines situations, la radiothérapie.
Equipe pluridisciplinaire au service des patient-e-s
Dans le cadre du colloque oncologique interdisciplinaire hebdomadaire (tumor board) du nouveau Centre du cancer de la vessie du CHUV, chirurgien‑ne‑s urologues, oncologues médicaux, radio‑oncologues, radiologues, pathologues, spécialistes en médecine nucléaire et infirmier‑ère‑s spécialisé‑e‑s discutent chaque dossier afin d’élaborer le plan thérapeutique optimal.
«Dans un domaine aussi complexe que le cancer de la vessie, la mise en commun des expertises est indispensable. Ce Centre améliore non seulement la qualité des décisions médicales mais aussi l’expérience vécue par les patient-e-s. Ils et elles se sentent mieux accompagné-e-s, y compris dans les situations où les options thérapeutiques sont limitées», relève la Dre Ilaria Lucca, cheffe du Service d’urologie du CHUV ad intérim et directrice médicale du nouveau Centre du cancer de la vessie.
Les patient-e-s bénéficient du soutien d’un-e infirmier-ère référent-e durant toute la durée du traitement. Une fois l’évaluation clinique infirmière réalisée, son rôle réside dans l’identification des besoins propres à chaque patient-e, l’accompagnement, l’information, l’enseignement thérapeutique ainsi que la coordination des soins. L’infirmier-ère maintient aussi une étroite collaboration avec l’ensemble des spécialistes internes et externes au CHUV (psycho-oncologues, assistant-e-s sociaux-ales, diététicien-ne-s, etc…).
Chirurgie hautement spécialisée et réhabilitation personnalisée
Le Service d’urologie du CHUV est certifié pour la médecine hautement spécialisée (MHS) des cystectomies. Cette chirurgie complexe mobilise des compétences avancées en chirurgie urologique, anesthésie et soins infirmiers. Elle est l'une des interventions les plus complexes en urologie, comprenant non seulement l’ablation complète de la vessie, mais aussi la création d’une nouvelle voie urinaire, soit par stomie, soit par création d’une nouvelle vessie. Le suivi des patient-e-s opéré-e-s d’une cystectomie est axé sur la réduction des risques de récidive de la maladie oncologique mais aussi la limitation des complications fonctionnelles (incontinence urinaire, dysfonctions sexuelles).
Dans les semaines précédant l’intervention, les patient‑e‑s du Centre du cancer de la vessie intègrent déjà le protocole ERAS (Enhanced Recovery After Surgery) associant contrôle optimisé de la douleur, mobilisation précoce, soutien nutritionnel et coaching personnalisé dispensé par des stomathérapeutes et physiothérapeutes. Ce protocole réduit les complications, accélère le retour à domicile et l’autonomie et améliore significativement le confort post‑opératoire.
Consultation multidisciplinaire centrée sur les patient‑e-s
Afin de garantir une information transparente et de favoriser une prise de décision partagée, le Centre du cancer de la vessie propose une consultation spécifique consacrée à l’exploration des options thérapeutiques. Cette démarche permet aux patient-e-s d’être pleinement acteurs ou actrices de leur parcours de soins. En un seul rendez‑vous, le ou la patient‑e, accompagné‑e s’il ou elle le souhaite d’un proche, rencontre l’urologue, l’oncologue médical, le ou la radio‑oncologue et l’infirmier‑ère référent‑e.
«Cette discussion collégiale permet de répondre à toutes les questions, de peser les bénéfices et les risques de chaque approche et, enfin, de choisir ensemble la stratégie la plus adaptée au profil et aux priorités de la personne», souligne le Dr Dominik Berthold, spécialiste en oncologie médicale.
Recherche et formation
En plus des soins cliniques, le Centre du cancer de la vessie participe activement à des projets de recherche clinique visant à développer de nouvelles thérapies et à améliorer les protocoles de traitement existants. Il propose également des programmes de formation destinés aux professionnel-le-s de la santé afin de diffuser les meilleures pratiques et les avancées récentes dans le domaine.
«L’ouverture de ce onzième Centre illustre notre engagement à conjuguer hyperspécialisation et approche centrée sur la personne. En réunissant sur un même plateau technique toutes les compétences nécessaires, nous garantissons à chaque patient-e un accès rapide à l’innovation tout en faisant progresser la recherche clinique», souligne la Pre Solange Peters, cheffe du Service d’oncologie médicale du CHUV.