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Maladie rénale rare : une percée thérapeutique publiée dans le NEJM

Publié par Grand Clementine

Une étude internationale, menée par le Pr Fadi Fakhouri du Service de néphrologie et d’hypertension, fait la une du New England Journal of Medicine. Elle met en évidence l’efficacité sans précédent d’un nouvel inhibiteur du complément.

Quand le système immunitaire s’emballe : la glomérulopathie à dépôts de C3

Le complément fait partie du système immunitaire : il s’active en cascade de protéines pour notamment lutter contre les infections. Une activation excessive du complément peut entraîner des pathologies, notamment rénales. La glomérulopathie à dépôts de C3, une maladie décrite par le Pr Fadi Fakhouri en 2010, en est un exemple typique : elle résulte de l’accumulation de fragments des protéines du complément dans les filtres du rein (les glomérules), ce qui entraîne leur destruction. Cette maladie rare mais très sévère est restée longtemps sans traitement efficace. Elle conduit environ deux tiers des patient-es, enfants comme adultes, vers une insuffisance rénale nécessitant la dialyse. De plus, la maladie peut récidiver après une transplantation rénale, entraînant parfois la perte du greffon et limitant l’accès des patient-es à la transplantation.

Un espoir pour éviter la dialyse et la transplantation

Un nouveau médicament, le pegcetacoplan, a été testé chez 124 patientes et patients atteints de glomérulopathie à dépôts de C3. Expert de cette maladie, le Pr Fadi Fakhouri, chef du Service de néphrologie et d’hypertension du CHUV et professeur à la Faculté de biologie et médecine de l’UNIL, a conçu et coordonné cet essai clinique multicentrique mené dans 19 pays.

Les résultats de l’étude sont spectaculaires : le pegcetacoplan permet d’inhiber l’activation excessive du complément, d’éliminer les dépôts de protéines du complément dans le rein chez plus de 70% des patients ; et de réduire la protéinurie – soit la présence anormale de protéines dans les urines – de plus de 68% (chez des patients recevant déjà un traitement antiprotéinurique classique par bloqueurs du système rénine-angiotensine).  Il aide ainsi à préserver la fonction rénale et à éviter la dialyse ou la transplantation.

De la recherche au traitement : trois leçons d’un succès clinique

« C’est un exemple emblématique de recherche translationnelle, qui va de la recherche expérimentale à l’application clinique et se traduit par de réels bénéfices pour les patientes et patients, souligne le Pr Fakhouri. Je tire de cette étude trois leçons : la première est que notre service, sans disposer de grands moyens, est devenu un centre de référence national et international pour les maladies rénales liées au complément, grâce à des idées innovantes et à l’expérience acquise par la prise en charge des patient-es. La deuxième est que l’étude de maladies rares peut ouvrir la voie à des avancées bien plus larges. Les travaux auxquels j’ai contribué depuis des années dans le domaine des maladies rénales liées au complément ont en effet permis l’émergence d’une nouvelle classe thérapeutique, les inhibiteurs du complément, dont les applications s’étendent désormais à d’autres organes. Enfin, cette expérience rappelle que la recherche clinique est avant tout une question de persévérance, quelles que soient les difficultés et les obstacles ».

Lien vers l’étude parue dans le New England Journal of Medicine
(N Engl J Med 2025;393:2210-20. DOI: 10.1056/NEJMoa2501510)

Lien vers l’éditorial consacré à l'article

Légende photo: Amélioration histologique rénale après 6 mois de traitement par pegcetacoplan, avec notamment la disparition complète des dépôts de C3.

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