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Perte de grossesse: piste thérapeutique inspirée de la transplantation

Publié par Grand Clementine

Chez certaines femmes, une réaction du système immunitaire peut empêcher l’évolution d’une grossesse. En unissant leurs expertises, des spécialistes du CHUV apportent un nouvel espoir face aux fausses couches à répétition.

Au CHUV, la Dre Mathilde Gavillet (Service d’hématologie, co-fondatrice du comité SHEmatology de la Société Suisse d’Hématologie consacré aux aspects spécifiques à la santé des femmes), la Pre Dela Golshayan (Centre de transplantation d'organes) et le Pr David Baud (Service d’obstétrique), en collaboration étroite avec des collègues de l’Institut de pathologie, des services et laboratoires d’immunologie et allergie, médecine interne,  pharmacologie et toxicologie, endocrinologie et néonatologie, ont uni leurs expertises pour offrir une nouvelle perspective thérapeutique à des couples confrontés à des pertes de grossesse répétées.

Une pathologie rare du placenta

Pour de nombreux couples, le désir d’enfant devient un parcours éprouvant lorsque les pertes de grossesses se répètent. Si certaines causes sont bien identifiées, d’autres restent encore mal comprises et difficiles à prendre en charge. C’est notamment le cas de l’intervillite histiocytaire chronique, une pathologie rare du placenta.  Il s’agit d’une réaction inflammatoire où le système immunitaire de la mère s'active en présence des éléments d’origine paternelle présents dans le placenta pour aboutir à un « rejet » de celui-ci.

En effet, le placenta se développe à partir de cellules embryonnaires qui expriment des caractéristiques génétiques d’origine paternelle, donc différentes de celles de la mère.  Alors que dans une grossesse normale, un état de tolérance immunitaire est induit pour protéger l'embryon-fœtus des défenses immunitaires maternelles, chez certaines femmes, le système immunitaire reconnaît celui-ci comme « étranger ». Une réponse immunitaire inappropriée se déclenche, conduisant à des lésions placentaires responsables de fausses couches, souvent précoces et répétées.  

Ce mécanisme n’est pas sans rappeler les défis rencontrés en médecine de transplantation. Lors d’une greffe, l’enjeu est de moduler finement la réponse immunitaire, déclenchée par les incompatibilités génétiques entre le donneur et le receveur.

Un protocole inspiré de la transplantation

Jusqu’ici, les options thérapeutiques pour l’intervillite histiocytaire chronique étaient très limitées. Un Case report récemment publié dans Frontiers in Immunology vient toutefois apporter un nouvel espoir. En s’inspirant des traitements utilisés pour éviter le rejet de greffe, les spécialistes du CHUV ont mis en commun leurs expertises pour proposer un traitement immunomodulateur adapté à deux femmes touchées par cette maladie.

Grâce à ce protocole thérapeutique, les deux patientes ont finalement pu mener une grossesse à terme et accueillir un enfant, après des années de difficultés et de deuils successifs. Les traitements ont été bien tolérés au niveau maternel et fœtal.

Cette avancée laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour certaines fausses couches inexpliquées. Si ces observations doivent encore être confirmées par des études plus larges, elles ouvrent la voie à une meilleure compréhension des mécanismes immunologiques impliqués dans la grossesse. 

Lien vers l’article paru dans Frontiers in Immunology 

Par: Mathilde Gavillet (Service et laboratoire d’hématologie, CHUV), Dela Golshayan (Centre de transplantation d’organes, CHUV), David Baud, Helene Legardeur Jardena Puder, Lydie Beauport (Département femme-mère-enfant, CHUV), Carole Gengler, Samuel Rotman (Institut de pathologie, CHUV)  Monique Gannagé (Service d’immunologie et allergie, CHUV), Alice Panchaud (Service de pharmacie, CHUV), Denis Comte (Service de médecine interne, CHUV)

 Lien vers l’article paru dans American Journal of Obstetrics and Gynecology

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