Comité jeunesse de la DSO

La Direction des soins a créé le Comité jeunesse en décembre 2019. Ce groupe de dix infirmier-e-s novices (exercent au CHUV depuis moins de six ans et le CHUV est leur 1er employeur) doit aider la Direction des soins à identifier des voies pertinentes pour répondre aux attentes et besoins spécifiques des dernières générations de professionnels.

Il s’agit d’un organe consultatif que la Direction des soins peut mandater pour travailler sur des questions précises. Le Comité jeunesse peut aussi spontanément proposer des recommandations concernant l’intégration des novices, leur satisfaction professionnelle et la mise en œuvre optimale des compétences acquises en formation.

Après dix-huit mois d’existence, le Comité jeunesse avait déjà :

  • Produit des recommandations quant à l’intégration harmonieuse de l’outil informatique dans le quotidien des soignants
  • Intégré le groupe de la HES-SO qui œuvre à l’élaboration du futur plan d’études cadres pour le bachelor de la filière soins infirmiers
  • Réalisé une enquête en deux vagues auprès des jeunes diplômés engagés au CHUV en automne 2020
  • Conçu une offre de prestation permettant à des novices en difficulté d’être soutenus par leurs pairs s’ils le souhaitent.

 

Interview de Caroline Valazza

 

A quoi sert un « Comité jeunesse » dans une institution comme la notre ?

Il réunit des jeunes infirmier-e-s issus des différents départements de l’hôpital et leur offre l’opportunité de proposer des idées et des recommandations pour soutenir l’intégration des novices qui débutent au CHUV. La Direction des soins nous donne la parole, c’est à la fois top-down et bottom-up. Ainsi nous pouvons essayer d’améliorer l’expérience vécue par les collègues lors de leurs premières années au CHUV en nous appuyant sur les réalités que nous connaissons bien. Nous voulons par exemple créer une offre de soutien pour les novices et permettre aux jeunes collègues en difficulté d’être écoutés, soutenus et conseillés par des pairs. Il y a beaucoup de possibilités d’être soutenu au CHUV, mais cela n’existe pas encore.

 

Pourquoi la mission du CJ est-elle importante ?

Parce que ce petit groupe travaille pour le collectif, avec l’ambition d’apporter des améliorations pour toute une génération. En plus d’être utile, c’est valorisant.

 

Selon vous, quelles sont les responsabilités réciproques de l’institution et des professionnels eux-mêmes concernant ces premières années de vie professionnelle ?

Le CHUV est perçu comme institution universitaire très imposante vu de l’extérieur. Lorsque des jeunes professionnels arrivent avec leur inexpérience et leurs appréhensions, ils doivent être accueillis de manière chaleureuse et personnalisée. Ensuite ils doivent recevoir les clés pour comprendre leur nouvel environnement et s’y orienter professionnellement. Les jeunes infirmiers doivent sentir soutien, empathie et humanité de la part de leur employeur et c’est ainsi qu’une confiance peut se créer et permettre aux novices de s’intégrer dans un climat favorable à leur émancipation.

Les novices, eux, arrivent ouverts, curieux et motivés pour démarrer leur vie professionnelle. En se sentant entourés et écoutés par l’institution, ils sauront solliciter les ressources à disposition au sein du CHUV pour leur apporter conseils et aide dans leurs débuts lorsqu’ils en ont besoin.

Le Comité jeunesse se situe entre les deux. Les membres du Comité jeunesse étaient novices il y a peu de temps encore, ont surmonté des embûches et souhaitent partager cela avec leurs pairs en leur offrant des prestations de soutien ciblées sur les préoccupations et questionnements que peuvent susciter les débuts professionnels dans cette profession.

 

Quels sont les besoins / attentes spécifiques de la dernière génération d’infirmier-e-s concernant leur premier emploi?

Au début nous voulons apprendre beaucoup et très vite, alors bon nombre d’entre nous se cherchent un parcours et un environnement stimulants. Je crois qu’il y a une vraie avidité pour accéder à la formation et des attentes concernant la mobilité interne au CHUV. Nous avons également besoin de sentir la reconnaissance et valorisation de notre travail au quotidien, ce qui est essentiel au maintien de notre motivation et implication pour notre profession dans le temps.

 

Si vous aviez une baguette magique, que changeriez vous immédiatement ?

Il y a un gap énorme entre la fin de la formation initiale et les réalités du monde du travail lors du premier emploi, les responsabilités auxquelles il faut faire face très vite, la vie entière perturbée par des horaires compliqués, etc. Avec la baguette magique je ferais de la période d’intégration un moment épanouissant, motivant, serein, qui donne confiance et donne envie de prendre son envol !

 

Pourquoi vous êtes-vous personnellement investie dans ce comité ?

Parce que c’est une expérimentation, avec une approche complémentaire aux hiérarchies habituelles, et qu’elle a du sens. Je me sens responsable de prendre la parole lorsqu’on me la donne. Je suis aussi attirée par cette opportunité de collaborer au sein d’une équipe de pairs issus de spécialités différentes.

 

Interview de la Directrice des soins

 

D’où vous est venue l’idée de créer un Comité jeunesse à la Direction des soins du CHUV ?

J’ai découvert les comités jeunesse à Montréal où ils sont intégrés dans bon nombre d’institutions en tant qu’organe lié à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Ils contribuent à l’intégration des jeunes professionnels et les soutiennent durant leur première année jusqu’à l’examen de l’OIIQ. Ils favorisent également la rétention en développant le sentiment d’appartenance et peuvent avoir une fonction consultative. Mais ici nous avons créé notre formule, basée sur nos propres enjeux, et nous testons ce modèle depuis fin 2019.

 

A quels besoins doit-il répondre ?

A l’avenir nous allons davantage accompagner les carrières dans le domaine des soins au CHUV. Or les premières années de vie professionnelle constituent une période sensible pendant laquelle certains jeunes infirmier-e-s ne parviennent pas à trouver leurs marques et parfois renoncent. Nous sommes conscients de l’existence d’un « choc de la réalité » au moment de l’entrée dans le monde du travail et les nouvelles générations ont des attentes et des valeurs qui leurs sont spécifiques. Nous devons donc davantage adapter l’intégration selon leurs besoins.

L’autre point est ce que l’on appelle la « pleine étendue de pratique », c’est à-dire la capacité qu’ont les soignants de mettre en œuvre toutes les compétences pour lesquelles ils ont été formés. Souvent les infirmier-e-s consacrent une modeste partie de leur temps aux dimensions de leur rôle dans lesquelles leur plus-value est la plus grande. Il arrive ainsi que l’on délaisse l’éducation thérapeutique au profit d’activités techniques ou administratives qui pourraient être assurées par d’autres par exemple. Les professionnels dont la formation initiale est récente sont une force pour co-construire, avec les collègues et les cadres, une pratique en phase avec les compétences spécifiques des infirmières et infirmiers.

 

En quoi cette démarche est-elle différente de ce qui existe déjà ?

Depuis 2017 déjà nous essayons d’adopter une culture managériale davantage en phase avec la complexité de nos contextes professionnels et des attentes des jeunes générations. Nous voulons évoluer vers un leadership dit « transformationnel », basé sur la confiance, qui associe toutes les parties en faveur de la bonne marche de l’ensemble et sollicite mieux les expertises de chacune et chacun. Avec le Comité jeunesse, les plus jeunes collaborateurs infirmiers ont l’occasion d’œuvrer pour poser des solutions. Il s’agit d’une démarche participative inscrite dans la durée et pas uniquement à l’occasion d’un sondage ou d’une consultation.

Le Comité jeunesse est aussi un formidable laboratoire pour ses membres. Il permet de se familiariser pendant 3-4 ans avec la gouvernance et les enjeux d’un hôpital universitaire, de développer des habiletés potentiellement utiles dans la suite de leur parcours professionnel.

 

Un message pour les jeunes professionnels ?

Oui ! Vous arrivez dans un système de santé en pleine mutation. C’est vous qui y travaillerez encore pleinement dans 30 ans, donc participez avec nous à le construire le plus adéquatement possible. Je souhaite que le Comité jeunesse et la Commission carrières professionnelles de la DSO vous soutiennent dans l’exercice de cette importante et indispensable responsabilité.

 Dernière mise à jour le 30/11/2021 à 14:00