Hindouisme

Pratique

Il n'existe pas un "Hindouisme" dans le sens habituellement convenu d'une religion avec quelques livres ou doctrines spécifiques. Les coutumes et les pratiques sont nombreuses, et varient selon la région où elles sont appliquées et selon les coutumes locales. L'accent est donc mis sur une pratique individuelle.

L'appellation "hindouisme" vient du mot Hindoustan et désigne, à l'origine, la culture de l'Hindoustan, les Hindous proprement dits étant les habitants de l'Hindoustan. Par extension on a désigné par "Hindous" les adeptes de la religion védique.

Les cultes sont personnels avec un accent sur la méditation, les dévotions à certains dieux ou déesses et aux gourous (qui enseignent la méditation et une forme de philosophie). Il n'y a pas une autorité centrale malgré l'éminence de l'une ou l'autre des grandes figures qui ont pu apparaître à chaque âge.

Incidences en milieu hospitalier

  • Dès l'instant où une personne entre dans le milieu hospitalier elle en accepte les conséquences et adaptera sa pratique aux exigences du milieu hospitalier. Elle est reconnaissante des soins qui lui sont offerts et s'efforce de voir son hospitalisation de manière positive pour que son énergie vitale ne soit pas atteinte. Dans la mesure du possible le soignant peut l'aider en essayant de comprendre ses convictions. Un soignant qui partage ses propres convictions peut être d'un grand soutien.

Naissance

Avant de sectionner le cordon ombilical, une pièce d'or ou d'argent est mise à proximité du nombril du bébé.

L'enfant est accueilli et entouré par tous les proches qui lui souhaitent une longue vie (éventuellement par une prière qu'un membre de la famille ou du personnel soignant peut prononcer. " Que les dieux accordent à ce bébé longévité, bonne santé, force corporelle et vigueur mentale").

Pour le "don du nom" les pratiques sont variables mais c'est, traditionnellement, le père qui donne à l'enfant son nom. Pour donner un nom au bébé on fixe une date le 12ème jour après la naissance ou le 101ème, voir une année après.

Incidences en milieu hospitalier

  • La procréation médicalement assistée (PMA), d'un point de vue religieux, ne pose pas de problème.
  • L'interruption de grossesse, en revanche, est très mal perçue dans le subconscient national, à cause de la croyance dans la réincarnation: avorter bloque la naissance d'un être.
  • La contraception n'est généralement pas pratiquée bien que la religion ne dise rien de précis à ce sujet. Face à la mort d'un nouveau-né: dans les convictions hindoues l'enfant mort-né s'est affranchi très rapidement du cycle des renaissances par une vie très courte. On honore spécialement un enfant qui meurt avant l'âge de 2 ans en l'enterrant au lieu de le brûler.

Alimentation

Les hindous mettent l'accent sur la pureté de la nourriture, sur le respect total de l'être vivant; d'une manière générale les Hindous sont végétariens.

Incidences en milieu hospitalier

  • Il n'y a pas de jeûne véritablement prescrit. Il faudrait, si possible, discuter les menus avec le patient; prendre éventuellement contact avec une diététicienne pour l'élaboration d'un menu adapté et respectueux (poisson, menu végétarien).

Corps et son intégrité

Dans la philosophie religieuse hindoue, le corps que nous voyons, que nous touchons n'est que l'un des quatre qui nous forment. (Les autres étant: le corps éthérique qui apporte énergie et vitalité au corps physique, le corps astral qui est celui du désir et de l'émotionnel, le corps mental, mécanisme à la disposition de l'âme.)

Le sentiment de pudeur individuelle est amoindri dans le contexte hindou de l'Inde, au sens où la vie villageoise correspond à une vie de famille élargie. Pourtant une femme se déshabille rarement complètement pour un examen médical et les soins prodigués par une personne du même sexe sont préférables; mais ceci n'est pas obligatoire.

Incidences en milieu hospitalier

  • Les greffes d'organes ainsi que les transfusions sanguines sont admises et ne posent pas de problèmes d'un point de vue religieux.

Souffrance

Toute la philosophie des religions de l'Inde repose sur la théorie du karma. Le karma est une spirale ascendante d'actions et de conséquences à ces actions qui mène peu à peu l'être humain vers un paradis dans une succession de vies longues ou courtes, nombreuses ou rares. Le karma est lié au Temps, au Lieu et à l'Individu.

La souffrance comme le plaisir sont liés dans la théorie du karma. Une très grande souffrance peut donc être liée, voire causée par des fautes ou crimes abominables commis dans une vie antérieure. Les pratiquants vont vivre la souffrance comme une chance d'évolution de l'âme, la liquidation d'une dette karmique. L'acuité de la souffrance les poussent à une dévotion profonde et ils trouvent une consolation en se disant que cette douleur épuise leur karma.

Incidences en milieu hospitalier

  • La souffrance et la douleur peuvent être combattues. Il ne faut pas oublier que lorsque l'on rentre dans un milieu hospitalier on en accepte les conséquences et donc les soins qui peuvent être apportés. Chacun, médecins, infirmières, aides soignants, etc. fait son travail. Dans les discussions philosophiques et les visites le malade va puiser les ressources nécessaires à combattre la douleur et la maladie. En Inde, la chambre du malade est souvent transformée en lieu de rencontre familiale.
  • Il existe également des paroles sacrées, les mantras (prières répétitives) que les hindous dévots répètent pour soulager la douleur.

Accompagnement des mourants

Il n'y a pas de texte particulier à lire, ni de geste nécessitant la présence d'un religieux. Les hindous accordent une grande importance à la dernière pensée avant la mort, des poèmes de dévotion peuvent être psalmodiés pour accompagner le dernier soupir et même après le décès.

Le soignant, même si le patient est inconscient ou ne peut pas s'exprimer peut lui rappeler la force d'un mantra, ou, s'il est lui-même croyant, prier silencieusement avec lui dans sa propre tradition religieuse en le lui disant. ( = c'est un "bhajan", une prière commune).

Incidences en milieu hospitalier

  • Euthanasie, Suicide: Un décès provoqué par euthanasie ou suicide empêcherait la réalisation du karma. Ces pratiques sont donc totalement proscrites. Cependant, une cérémonie peut avoir lieu selon le désir de la famille ou de l'entourage.

Face à la mort

Pas de prescription particulière pour ce qui est du corps et de la toilette mortuaire. Les rites funéraires sont constitués de récitations de versets, de prières pour la paix de la personne défunte; on pratique un sacrifice d'offrande et on réunit la famille ou le village pour un grand repas.

Les hindous ont pour tradition d'incinérer leurs croyants. Après une année les cendres sont déposées dans un lieu sacré de l'Inde traditionnelle, de préférence dans le Gange.

Incidences en milieu hospitalier

  • L'autopsie ne pose aucun problème si ce n'est que les hindous traditionnels veulent disposer du corps dans les 24 heures après la mort.

Au-Delà

L'existence humaine s'inscrit dans le cycle universel et infini des renaissances (samsâra). La mort est un passage, une transmigration de l'âme vers une réincarnation. La destinée est fixée par la loi du karma, fondée sur l'accumulation des actes de cette vie et des existences antérieures. Les humains sont les seuls à pouvoir infléchir leur transmigration vers le haut ou vers le bas en fonction de l'orientation donnée à la vie présente.

Le but ultime est de s'affranchir du cycle des renaissances. Pour les théistes la délivrance s'opère par l'union de l'être individuel avec le dieu suprême; pour les monistes, l'âme se dissout dans le seul réel véritable qu'est le brahmane (Etre transcendantal, fondement de l'univers).

© Les Aumôneries de l'Hôpital cantonal de Genève et celle du CHUV en collaboration avec les éditions AGORA (anciennement Enbiro), Lausanne, PLATEFORME INTERRELIGIEUSE, Genève.
La rédaction de ce document est issue d'un dialogue ouvert entre les initiateurs du projet et un (quelques) adepte(s), représentant(s) reconnu(s) de la tradition religieuse décrite.
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 Dernière mise à jour le 07/10/2019 à 18:44