Eglise orthodoxe

Pratiques

La vie liturgique est le centre de la vie orthodoxe; elle se déroule dans une église. Réunis le dimanche en assemblées liturgiques, les fidèles y célèbrent la Résurrection du Seigneur. Beaucoup d'orthodoxes pratiquent la prière continue de l'invocation du Nom de Jésus (prière du coeur). La fidélité aux exigences de la foi est aidée par la confession des fautes ou guidée par les pères spirituels.

Naissance

Le baptême (ordinairement des enfants) par immersion dans l'eau et l'Esprit fait entrer dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ. L'enfant, dès son baptême, entre dans la vie de l'Eglise, reçoit la communion et l'onction.

Incidences en milieu hospitalier :

  • Procréation médicalement assistée (PMA) : Pour le chrétien orthodoxe, il n'y a pas d'opposition entre le développement des sciences et les questions de foi. Dans cette situation, un dialogue suivi avec le père spirituel du couple concerné leur permettra d'assumer les difficultés auxquelles il sera confronté.
  • Contraception : Les théologiens, moralistes ou dogmaticiens orthodoxes encouragent les couples stables à assumer, dans la liberté, la maîtrise de leur procréation.
  • Interruption volontaire de grossesse (IVG) : L'Eglise orthodoxe n'approuve pas, en tant que tel, l'avortement ; elle prend en compte les difficultés des personnes concernées. Le père spirituel entrera volontiers en dialogue par rapport à une forme adaptée de contraception, plutôt que de banaliser l'interruption de grossesse.
  • Attitudes face à la mort d'un nouveau-né : En cas d'urgence, un des deux parents, un membre de la famille ou de l'équipe soignante peut pratiquer un baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. L'Eglise orthodoxe accompagne la famille dans son deuil, par un soutien individuel et par une prise en charge au sein de la communauté spirituelle.

Alimentation

Les habitudes alimentaires sont totalement libres. Il n'y a pas d'interdits, mais des pratiques propres à chaque pays. On peut être sensible aux prescriptions d'abstinence de viande le mercredi et le vendredi de chaque semaine. L'Eglise orthodoxe a prescrit de nombreux jeûnes.

Incidences en milieu hospitalier :

  • La diététicienne pourra être sollicitée pour établir un menu adapté.
  • Les jeûnes sont généralement levés pour les malades, les femmes enceintes et les religieux hospitalisés.

Corps et son intégrité

Respect de la pudeur et de l'intimité dans les soins corporels.

Il n'y a rien, pour les orthodoxes, qui ne soit applicable à tout être humain. Les malades attendent que le personnel soignant respecte leur pudeur naturelle, ainsi que leur intimité.

Incidences en milieu hospitalier :

  • Lors des soins, veiller à isoler la personne malade.
  • Transfusion sanguine et greffe d'organes : Aucun empêchement biblique ou théologique concernant la transfusion sanguine. Elle peut être pratiquée sans autre en cas d'urgence.

Il n'y a pas d'obstacle à la greffe d'organes.

Souffrance

Sens de la souffrance : La maladie physique, psychique ou spirituelle requiert l'attention et l'action de l'Eglise par la présence de ses membres aux côtés de ceux qui souffrent. Pour le chrétien orthodoxe, Dieu souffre avec le croyant, car il a fait l'expérience de la souffrance à travers la vie et la mort du son Fils. L'accompagnement et la prière orientent le sens de la souffrance de sorte qu'elle puisse être assumée.

Les paroles d'encouragement seront toujours celles de la compassion, à savoir celles d'un être humain qui se laisse toucher profondément par la détresse d'un autre. Des prières liturgiques, la lecture d'un Psaume permettront de redire l'expérience humaine de la maladie dans laquelle Dieu se tient aux côtés de l'être humain, présence non toute-puissante telles que nous la souhaiterions, mais toute aimante.

Attitudes et gestes attendus : Il n'y a pas de spécificité à la tradition orthodoxe, mais la présence, l'accompagnement, les gestes d'amitié, le toucher font partie de la tradition commune à ceux qui s'approchent avec compassion des malades.

Incidences en milieu hospitalier :

  • L'onction des malades n'est pas réservée aux mourants, mais à toute personne malade.

Accompagnement des mourants

Rite de préparation à la mort avec un responsable religieux : Il y a des êtres qui savent qu'ils sont mortels et qui se préparent à leur mort, et il y en a d'autres qui, jusqu'au dernier moment, ne pensent pas qu'ils vont mourir. Dans la préparation à la mort, un prêtre orthodoxe offrira, dans la langue qui lui est familière, un espace de dialogue, de prière et d'écoute.

Textes à lire auprès d'un mourant : L'Eglise pratique un ensemble de rituels autour de la mort. Il y a d'abord l'office de l'huile sainte puis la "prière pour la séparation de l'âme et du corps".

Incidences en milieu hospitalier :

  • Prendre contact avec le prêtre orthodoxe de la paroisse concernée pour que la personne reçoive l'onction des malades ou que sa famille demande l'un ou l'autre rituel autour de la mort.
  • Euthanasie et suicide : L'Eglise orthodoxe n'approuve pas ces pratiques mais entoure les familles confrontées à ces situations limites. Elle les accompagne par sa prière et encourage tout ce qui peut être entrepris pour soulager les dimensions physiques, psychiques et spirituelles de la détresse.

Face à la mort

Attitudes vis-à-vis du corps en milieu hospitalier :

Lors d'un décès, la familiarité avec la mort se manifeste par l'accompagnement du défunt, par le cercueil ouvert pendant toute la durée des funérailles, par les fleurs ou le baiser que chacun est invité à déposer dans le cercueil.

Incidences en milieu hospitalier :

On peut appeler le prêtre orthodoxe de la paroisse afin que, dans la chambre d'hôpital, il prie et confie le défunt à la miséricorde de Dieu.

  • Rite Funéraire : enterrement ou incinération.
  • Le service funèbre, suivi en principe d'un ensevelissement, est généralement célébré le 3ème jour après le décès. Puis d'autres célébrations vont animer le temps individuel et communautaire du deuil.
  • L'autopsie est acceptée et requiert le respect pour le corps qui a été l'enveloppe d'un être qui a pensé, aimé, prié et vécu du souffle donné par Dieu, respect que l'on doit à l'être tout entier, corps, âme et esprit.

Au-Delà

La foi en la résurrection est au cœur de toute la tradition chrétienne et donc orthodoxe.

Elle est célébrée de manière particulière le jour de Pâques, qui est la Fête des fêtes. Elle n'est pas seulement une conviction pour l'au-delà de l'existence du croyant, mais un appel à ouvrir sa vie présente au message et à la vie du Christ.

Notion de jugement : Il n'y a pas de purgatoire dans les convictions de l'Eglise orthodoxe. Il y a certes un jugement dans la mort, par rapport à ce que le croyant est, et l'enfer est compris comme un enfermement sur soi, où l'humain n'a jamais voulu voir le mystère de l'autre.

Pour en savoir plus

Rites autour de la naissance
La tradition chrétienne d'Orient, qui est très ancienne, connaît la pratique de prières pour accueillir l'événement de la naissance- il faut rappeler en effet, que cette tradition chrétienne s'est développée dans des endroits qui n'ont pendant dès siècles eu ni asepsie, ni toutes les autres précautions connues actuellement dans la plupart des pays européens.

Après l'événement de la naissance qui est entouré par l'Eglise, on va donner le nom de l'enfant le 8ème jour, parce que, selon une tradition qui remonte à St- Basile, on attendait le 8ème jour de vie pour vérifier que l'enfant était en bonne santé.

Lorsqu'il aura 40 jours, il sera accueilli dans l'église par un rite d'accueil, ainsi que de bénédiction de Dieu sur sa mère (qui se relève de son accouchement). Ce rituel fait entrer solennellement l'enfant en trois étapes jusqu'à l'autel.

Puis il recevra son baptême par immersion au nom du Père, du Fils et du Saint- Esprit.

Ensuite l'enfant reçoit la confirmation, le signe de la "chrismation" (reprise de l'adhésion à la foi du Christ), et enfin, l'eucharistie -la communion au corps et au sang du Christ-, qui le fait devenir un chrétien à part entière.

Prescriptions alimentaires
Par exemple, par tradition, les Russes ne mangent ni pigeon (parce qu'il correspond, pour eux, au symbole de l'Esprit), ni lapin (parce que certaines références bibliques disent qu'on ne consomme pas d'animal à ongles).

Par le jeûne des carêmes (avant Noël et Pâques surtout), le croyant se prive de toute nourriture animale (viande, poisson, oeufs, laitages).

Le jeûne de nourriture, de divertissements et de relations sexuelles engage tout l'être dans son développement et sa lutte spirituelle. Il s'accompagne de la prière, de la vie sacramentelle et du partage des ressources.

Le corps et son intégrité : Si aucune Eglise orthodoxe russe ou grecque n'a pris de décision s'opposant à la greffe d'un cœur, il existe des appréciations personnelles relayées par certains Pères spirituels. En effet, dans toute la tradition spirituelle de l'Eglise orthodoxe, la "prière du cœur" est très importante : le cœur, s'il est un muscle, reste toujours considéré comme un "espace réceptif' ; et certains Pères spirituels partagent leur angoisse à l'idée de recevoir un cœur qui n'a peut-être pas "battu selon le même rythme spirituel de la prière."

Accompagnement : textes et rituels : L'office de "l'huile sainte" est déjà présent dans le Nouveau Testament où il est dit que "quelques personnes de la communauté se réunissent et prient autour du malade et l'oignent d'une huile sur laquelle on aura prié" (1 Pierre 3(?)). Quelques jours avant Pâques, le mercredi saint, l'Eglise orthodoxe offre cette opportunité à toute personne qui entre dans une de ses églises.

Des familles croyantes demandent à l'Eglise qu'un prêtre vienne dire, pour les agonisants, la grande "prière pour la séparation de l'âme et du corps". Cette prière appelle la miséricorde de Dieu afin qu'il abrège la souffrance de l'agonie, et permette la libération entre le principe biologique et le principe spirituel de la personne.

Face à la mort : rite funéraire
Le 9ème, 40ème jour, 6 mois et chaque année, un office est célébré pour le repos de l'âme. Le deuil est assumé liturgiquement et s'inscrit dans l'ensemble de la prière des croyants. Par ailleurs, d'autres offices permettent de vivre le mystère de la communion des saints, communion des vivants d'une part et d'autre part communion des vivants avec les morts.

Avant Pentecôte, on va célébrer un office pour les défunts de la paroisse

Pendant le Carême, tous les samedis, on célèbre un office pour les défunts des familles.

Les familles ne vivent donc pas l'expérience du deuil dans l'isolement.

© Les Aumôneries de l'Hôpital Cantonal de Genève et celle du CHUV en collaboration avec les éditions AGORA (anciennement Enbiro), Lausanne, PLATEFORME INTERRELIGIEUSE, Genève.
La rédaction de ce document est issue d'un dialogue ouvert entre les initiateurs du projet et un (quelques) adepte(s), représentant(s) reconnu(s) de la tradition religieuse décrite.
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 Dernière mise à jour le 07/10/2019 à 18:40