Paul Klauser

Je suis médecin cadre dans le Service universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (SUPEA) et responsable de l'Unité de recherche sur la psychose au Centre de neurosciences psychiatriques, au sein du Département de psychiatrie.

Mon expérience professionnelle m’a permis de développer une solide expertise en neurobiologie (plasticité synaptique structurelle et fonctionnelle), en neuro-imagerie (IRM structurelle, IRM de diffusion et IRM spectroscopique) et en psychiatrie (schizophrénie et autres psychoses). J’entretiens des collaborations nationales et internationales fructueuses avec des groupes de recherche en Europe et en Australie. Ma double expertise, à la fois clinique (spécialiste en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent) et scientifique (MD-PhD), facilite la conception et la mise en œuvre de projets de recherche translationnelle (par exemple Mindfulteen, JAELred) ainsi que le dialogue avec le public.

En tant que conseiller principal de l'Académie de recherche de la Société européenne de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (ESCAP) depuis 2016, je suis responsable de l'organisation des réunions biennales (Eur Child Adolesc Psychiatry 2017 ; Eur Child Adolesc Psychiatry 2020 ; Eur Child Adolesc Psychiatry 2022) pour encourager la double formation de clinicien-chercheur ainsi que la recherche translationnelle en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (Eur Child Adolesc Psychiatry 2018). Nous proposons également aux jeunes médecins en formation de toute l'Europe la possibilité de participer à des études internationales telles que l'enquête longitudinale sur l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les services de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent en Europe (Eur Child Adolesc Psychiatry 2021a ; (Eur Child Adolesc Psychiatry 2021b).

Finalement, je suis aussi très actif sur le plan de la politique professionnelle avec un engagement non seulement au niveau suisse (membre assesseur dans la Commission de formation postgraduée et continue de la Société suisse de psychiatrie et psychothérapie de l’enfant et de l’adolescent), mais également européen (membre du conseil d’administration et trésorier de l’ESCAP) depuis 2023.

Mon parcours de recherche 

Au cours de mon doctorat en neurobiologie à Genève, je me suis plongé dans la plasticité cérébrale et plus particulièrement dans l'étude microscopique de la plasticité synaptique au cours du développement du cerveau, des processus d'apprentissage et sous l'influence d'agents pharmacologiques. Avec mes collègues, nous avons rapporté que (i) le renouvellement des épines dendritiques (synapses excitatrices) diminue avec l'âge au cours du développement du cerveau et dépend de l'activité (Cereb Cortex 2008), (ii) la dynamique des épines dendritiques (plasticité structurelle) interagit avec la potentialisation à long terme (plasticité fonctionnelle) pour promouvoir la stabilisation et le regroupement des contacts synaptiques au cours des processus de mémoire et d’apprentissage (PLoS  Biol  2008), et (iii) les médicaments diminuant le rapport E/I (excitation / inhibition) peuvent favoriser la synaptogenèse pendant une période critique du développement précoce du cerveau (PLoS One 2009). Ensemble, ces résultats ont contribué de manière significative à fournir un nouveau cadre pour mieux comprendre comment les réseaux corticaux peuvent se développer sous l'influence de l'activité cérébrale, au cours de la croissance, durant l'apprentissage et sous l'influence d'agents externes, y compris les médicaments.

Dès les premières années de ma formation clinique en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, j’ai été intrigué par la psychose. Cependant, l'écart entre les aspects microscopiques de mes travaux de thèse sur des tranches de tissu et mes jeunes patients semblait trop important. Il me fallait apprendre une nouvelle méthode d'investigation compatible avec le cerveau humain vivant et permettant de traduire les observations microscopiques à l'échelle mésoscopique. Pendant mon stage postdoctoral à Melbourne, je me suis formé à la neuro-imagerie pour faciliter la transition entre mes activités de recherche et mon travail clinique auprès d'adolescents souffrant de troubles psychotiques. Des études de neuro-imagerie dans de grandes cohortes d'adolescents et de jeunes adultes présentant un risque clinique élevé de psychose (CHR), réalisées par mes collègues et moi (Schizophr Bull 2015) ainsi que d'autres groupes de recherche n'ont pas mis en évidence d’importantes différences de la structure cérébrale entre les individus CHR et des contrôles sains, suggérant que les anomalies cérébrales structurelles, visible avec l’IRM sont des événements relativement tardifs survenant principalement au moment du premier épisode psychotique et progressant avec le stade de la maladie (Transl Psychiatry 2019). Dans l'un des plus grands échantillons de neuro-imagerie de patients atteints de schizophrénie, nous avons ont observé, avec mes collègues australiens, des altérations généralisées de la matière grise (Am J Psychiatry 2017) et de la matière blanche (Schizophr Bull 2017). D'un point de vue anatomique, ces anomalies diffuses concernent tous les lobes cérébraux. Mais d'un point de vue topologique, les altérations de la substance blanche sont plus fréquentes le long des connexions entre les régions pivots (« hub ») duréseau cérébral (Schizophr Bull 2017) et sous-tendent un déficit cognitif spécifique, à savoir la diminution de la vitesse de traitement (Schizophr Bull Open 2021). Les hubs cérébraux présentent un métabolisme oxydatif élevé qui pourrait les exposer au stress oxydatif et à l'inflammation, deux paramètres interdépendants soupçonnés de jouer un rôle central dans la physiopathologie de la schizophrénie. En conséquence, nous avons mis en évidence qu'un traitement complémentaire avec de la N-acétylcystéine (NAC), un précurseur du glutathion (principal antioxydant cérébral), peut restaurer l'intégrité de la substance blanche dans le fornix des patients atteints de psychose débutante et que ces améliorations de la substance blanche sont corrélées à l'augmentation des niveaux de glutathion cérébral, quantifiés à l'aide de la spectroscopie cérébrale par résonance magnétique (Transl Psychiatry 2018).

Nous avons alors réalisé le potentiel de l'imagerie spectroscopique par résonance magnétique (MRSI) pour combler le fossé entre la neuroimagerie et la biologie. En effet, cette technique permet à la fois de quantifier les neurométabolites et d'évaluer leur distribution spatiale. Par conséquent, nous avons contribué au développement de cette technique (NMR Biomed 2021) et l’avons implémentée dans le protocole de neuro-imagerie de nos cohortes depuis 2018.

 

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 Dernière mise à jour le 12/03/2024 à 08:59