Ce projet participatif vise le développement des stratégies thérapeutiques pour favoriser le rétablissement des psychoses dans la ville de Lausanne. Son originalité repose dans l’inclusion directe, à la conception, des stratégies thérapeutiques des patients et pairs praticiens à part égale avec les professionnels de la santé psychique, géographes et acteurs communautaires/ municipaux. A travers des approches novatrices (cartographie participative, Living Lab), ce projet regroupera des interventions diverses (thérapies individuelles, campagnes de déstigmatisation et de favorisation de la cohérence sociale, aménagement urbain etc.), visant la création d’un contexte urbain plus propice au rétablissement des psychoses. Sur cette base, des recommandations de prise en charge et de politiques de santé seront formulés localement et au niveau international.
Ce projet financé par le Fond National Suisse et la Bourse de la FBM pour jeune chercheur en humanités fait suite à un précédent volet de recherche qui s’intéressait à la relation entre le milieu urbain et l’émergence de symptômes psychotiques. Ces premières étapes avec utilisation novatrice de la vidéo ethnographique ont permis une compréhension plus fine de facteurs de stress urbain et de stratégies de coping employées par des personnes souffrant de psychoses, de même que l’identification des cibles thérapeutiques concrètes : l’évitement de la ville et le manque de capacité d’y éprouver du plaisir.
Les groupes Osler sont un dispositif original, inspiré d’expérience similaires, visant à soutenir le développement de l’identité professionnelle chez les médecins en formation. Il s’agit de groupes de parole, stables et régulier sur une année, qui réunissent des médecins assistants, éventuellement des chefs de clinique, appartenant au même service, sous la guidance d’un médecin aîné issu de leur spécialité et d’un psychiatre. Les rencontres doivent permettre d’élaborer les enjeux liés à la transformation, bien décrite par l’anthropologie médicale, de « laïc » à « médecin », à partir de l’expérience vécue au quotidien de chaque participant. Depuis 2016, 6 groupes se sont déroulés, sur une à deux années : 3 en médecine interne, 1 en psychiatrie, 1 aux soins intensifs adultes et pédiatriques, 1 en chirurgie viscérale. Le projet de recherche vise à documenter cette expérience en croisant les perspectives, selon la méthode de l’étude de cas. Le matériel est constitué d’une série d’entretiens qualitatifs avec des participants, des animateurs, et des responsables institutionnels ; de la transcription intégrale des séances du 1er groupe ; de quelques témoignages enregistrés pris sur le vif au cours des groupes ; et d’échanges de messages audio entre intensivistes sur un groupe Whatsapp pendant les premiers mois de la pandémie, alors que les rencontres Osler étaient suspendues.
Ce projet s’appuie sur une série d’entretiens avec des médecins canadiens, reconnus pour leur excellence clinique, qui visaient une explicitation phénoménologique de leur pratique. Ce travail inital a donné lieu à une première publication. Il s’agit aujourd’hui de reprendre ce matériel et de le relire à la lumière du concept de phronesis, tel qu’il a été développé dans l’Ethique à Nicomaque : la prudence, ou sagesse pratique. La phronesis est une notion qui a pris de l’importance dans le domaine de l’éducation médicale, souvent proposée comme la vertu essentielle du bon clinicien. L’analyse en cours veut à la fois décrire la clinique dans les termes de la phronesis, et enrichir en retour les conceptions contemporaines de ce que serait une phronesis clinique.